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D'IBN KHALDOUN. 369

d'or et un boisseau de perles fines et de pierreries; au pillage de son hôtel, on emporta une quantité énorme de tapis et d'effets. Je me trouvais en Egypte sous le règne du sultan El-Mélek ed-Dhaher Bar- couc. Ce prince ayant destitué son majordome, l'émir Mahmoud, le fit mettre à la torture afin de lui arracher ses richesses. L'officier chargé de cette opération m'assura qu'il avait tiré du prisonnier la somme d'un million six cent mille' dinars, et qu'il s'était emparé d'une très-grande quantité d'étoffes, de harnais, de troupeaux, de produits agricoles, de chevaux et de mulets.]

Cela se comprend ^ lorsqu'on sait apprécier la différence des rap- P. 327. ports qui existent entre les empires^ (en ce qui regarde leur gran- deur et leur puissance). L'homme qui nierait la possibilité d'un fait parce qu'il n'en a pas été témoin oculaire , ou parce que rien de sem- blable ne serait arrivé de son temps, cet homme serait incapable de reconnaître les choses possibles. La plupart des personnages haut placés s'empressent de regarder comme fausses toutes les anecdotes de ce genre que l'on raconte au sujet des anciennes dynasties. Ils ont cependant tort, car la nature de la civilisation et de tout ce qui existe éprouve des variations. Celui qui comprend seulement les plus sim- ples de ces phénomènes, ou même ceux qui sont d'un ordre moyen, ne saurait saisir ceux d'un ordre plus élevé. Examinons ce qu'on raconte des Abbacides, des Oméiades et des Fatémides; comparons les faits dont la réalité n'admet aucun doute avec ce que nous ob- servons dans les dynasties qui existent de nos jours et qui sont bien moins considérables que celles-là; nous reconnaîtrons que la diffé- rence entre les empires dépend de leur puissance primitive et de la population de leurs provinces. Donc les monuments d'un empire sont toujours en rapport avec sa puissance primitive , ainsi que nous

( 1 343- 1 344 de J. C. ). ( Voy . Y Histoire des ' Ce que l'auteur dit ici se rapporte aux

Berhers, t. III et IV de la trad. française.) indications qui précèdent les paragraphes

' Dans l'édition de Paris nous lisons : mis entre parenthèses.

iyA Axji ^\ j_p|. Le mot ïy> indique ' Pour JU^J, lisez <_>*J, et remplacez

suffisamment qu'il y a ici un j_jil de trop, j' P^r ^■ (Voy. ci-dessus, p. 364, note 4.)

Prolégomènes. 47

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