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D'IBN KHALDOUN. 387

monde et se garantisse contre ce qui pourrait lui nuire ; il sait que le khalifat dirige les hommes selon la loi divine, afin d'assurer leur bon- heur dans l'autre vie; car, en ce qui regarde les biens de ce monde-ci, le législateur inspiré les rattache à ceux de la vie future. Donc le khalife est, en réalité, le lieutenant du législateur inspiré, chargé de maintenir la religion et de s'en servir pour gouverner le monde. Plus tard, quand nous reviendrons sur ces matières, le lecteur pourra les étudier et les bien comprendre. Le sage, le savant, c'est Dieu. {Coran, sour. XII , vers, i o i .)

De la diversité d'opinions qui existe au sujet du khalifat, et des qualités qu'un khalife

doit posséder.

Nous avons dit que cette dignité n'est, en réalité, qu'une lieute- nance. Celui qui en est revêtu remplace le législateur inspiré, étant chargé de maintenir la religion, et, par ce moyen, de gouverner le monde. [Cet office ^ est désigné indifféremment par les mots khî- lafa (khalifat, ou lieutenance) et imama (imamat). On donne à celui qui le remplit les titres de khalife et d^imam; on l'intitula aussi sultan, dans les derniers siècles, lorsqu'il y avait plusieurs khalifes con- temporains. Diverses nations éloignées les unes des autres, ne trouvant personne qui possédât toutes les qualités requises dans un khalife, se voyaient obligées de conférer cette dignité à quiconque s'emparait du pouvoir chez elles.]

On a nommé le khalife imam, parce qu'on fa assimilé à l'imam qui dirige la prière publique, et dont les mouvements sont imités par toute la congrégation. De là provient l'emploi du terme grand ima^ mat pour désigner la qualité de khalife. On adopta d'abord le mot khalife, parce que ce chef remplaça le Prophète auprès du peuple. On peut dire le khalife sans aucune addition , ou bien le khalife du Pro- phète de Dieu. Quelques personnes avaient d'abord employé le titre de khalifat Allah « le lieutenant de Dieu; » mais cela donna lieu à une con-

' Ce passage mis entre des parenthèses ne se trouve ni dans l'édition de Boulac, ni dans les manuscrits C et D.

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