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388 PROLÉGOMÈNES

p. 345. troverse : ceux qui admettaient cette forme s'appuyaient sur le fait que Dieu avait accordé aux hommes la lieutenance universelle (sur toutes les créatures). Il a dit, par exemple : Je vais instituer un lieutenant sur la terre [Coran, sour. ii, vers. 28), et : // vous a institués comme ses lieutenants sur la terre. [Coran, sour. vi, vers. i65.) La plupart des docteurs repoussent cependant l'emploi de ce titre, en déclarant que la signification des versets qu'on cite ne l'autorise pas. Ils s'appuient aussi sur la parole d'Abou Bekr, qui défendit aux musulmans ' de l'appeler lieutenant de Dieu. « Je ne suis pas son lieutenant, leur dit- il, mais le lieutenant de l'Apôtre de Dieu. » Celui qui est absent, disent-ils encore, peut seul avoir un lieutenant; celui qui est toujours présent n'en a aucun besoin.

L'établissement d'un imam est une chose d'obhgation; la loi, se fondant sur l'accord général des compagnons du Prophète et de leurs disciples, en a déclaré la nécessité. Aussitôt après la mort du Pro- phète, ses compagnons s'empressèrent de prêter le serment de fidélité à Abou Bekr et de lui confier la direction de toutes leurs affaires. Cet exemple fut suivi pendant les siècles suivants, de sorte que les hommes ne restèrent jamais abandonnés à eux-mêmes. Cet accord général (des peuples) prouve encore la nécessité d'un imam. Quelques docteurs ont enseigné que cette nécessité se comprend par le simple raison- nement et que l'accord général dont il s'agit est le résultat d'un jugement fondé sur la raison. « La simple raison, disent-ils, suffit pour démontrer la nécessité de l'imamat. Les hommes sont obligés de vivre en société; s'ils se tenaient isolés les uns des autres, ils ne sauraient exister. Or la réunion des hommes en société et la diversité de leurs intérêts amènent des conflits, et, tant qu'il ne s'y trouve pas un mo- dérateur pour les contenir, ces querelles aboutissent à des combats. Un tel état de choses menace l'existence de l'espèce entière. Or la conservation de l'espèce est un des principaux buts de la loi divine. » Ce raisonnement est identiquement celui qu'employaient^ les phi- losophes, lorsqu'ils voulaient démontrer que la faculté du prophé- ' Après j^, ajoutez *Àc. — * Pour iii, lisez \\i-l.

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