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D'IBN RHALDOUN. 391

ses fonctions. Tout le peuple est alors obligé à lui obéir, car Dieu lui-même a dit : Obéissez à Dieu et à son Prophète et à ceux de votre peuple qui exercent des commandements. [Coran, sour. iv, vers. 62.)

[ Il n'est pas permis d'avoir deux imams à la fois ' ; telle est l'opinion de presque tous les docteurs de la loi , opinion basée sur le sens lit- téral de certaines traditions qui se trouvent dans le Sahîh de Mos- lem ^, au chapitre qui traite du droit de commandement (emara). Quelques légistes croient, cependant, que cette règle ne s'applique qu'à un seul pays ou à deux pays qui se touclient ; mais , quand il y a une telle distance entre les provinces que l'autorité de l'imam éta- P. 348. bli dans l'une ne pourra pas se faire sentir dans l'autre, ils déclarent qu'il est permis d'installer dans celle-ci un second imam, pour veiller au bien de la communauté. Parmi les docteurs célèbres qui ont émis cette opinion, on compte Yostad Abou Ishac el-Isféraïnî , chef de tous les théologiens dogmatiques'. L'imam el-Harémeïn * semble approuver la même doctrine dans son ouvrage intitulé El-Irchad « la direction. » Les docteurs de l'Espagne et du Maghreb penchent aussi vers cette opinion. Ceux de l'Espagne étaient en très-grand nombre ^ quand ils prêtèrent le serment de fidélité à En-Nacer Abd er-Rahman, de la famille des Oméiades, et qu'ils lui donnèrent le titre d'Emir el-Moumenîn ainsi qu'à ses descendants. Ce titre, qui est une des marques de la dignité de khalife, ainsi qu'on verra plus loin, fut ensuite pris par les souverains almohades du Maghreb. L'opi- nion de ceux qui justifient la nomination des deux imams est repoussée par certains légistes comme opposée à l'accord général (des anciens docteurs). Cette objection nous paraît faible; si les anciens avaient

' Ce paragraphe se trouve dans les ma- plus savants docteurs du rite chaféite. 11

nuscrits A et B ; il manque dans les ma- mourut près de Neïsabour, en l'an li-]8

nuscritsCet D , et dans l'édition de Boulac. (io85 de .1. C). Comme il avait passé un

  • Moslem Ibn el-Haddjadj , auteur d'un temps considérable à Médine et à la Mec-

des six recueils de traditions authentiques, que, on lui donna le titre d'imam el-Ha- mourut en l'an 261 (874-876 de J. C). rémeïn «l'imam des deux sanctuaires. »

' Voyez ci-devant, p. 191, note 2. ' Pour ^^ jLa.», lisez ^,jji|^, avec

  • Aboul'-Maali Abd el-Melek fut un des le manuscrit A.

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