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D'IBN KHALDOUN. 411

Chehrestani, et par d'autres savants. Dieu égare celui qu'il veut el dirige celui qu'il veut. {Coran, sour. xvi , vers. 96.)

Comment le khalifat (gouvernement spirituel et temporel) se convertit en royauté

(gouvernement temporel).

L'esprit de corps qui anime un peuple le conduit naturellement à l'acquisition de la souveraineté; c'est là le terme de son progrès. L'établissement d'un empire, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, ne dépend pas de la volonté du peuple, mais de la force et de la dis- position naturelle des choses. Les lois, les pratiques de la religion, toutes les institutions auxquelles on tâche de rallier une communauté n'ont aucune influence, à moins qu'un parti plein de zèle ne se charge de les faire prévaloir. Sans l'appui d'un parti imposant, on ne sau- rait poursuivre (ni punir) les contraventions. L'esprit de corps est donc indispensable dans une nation; sans lui, elle ne remplirait pas sa destinée.

On lit dans le Sahih : « Dieu n'a jamais envoyé de prophète qui n'eût pas dans sa nation un parti capable de le défendre. » Le légis- lateur a cependant désapprouvé l'esprit de corps; il a même recom- mandé d'y renoncer : « Dieu, a-t-il dit, vous a délivrés de la fierté ' qui vous dominait dans les temps aijtérieurs à l'islamisme; il vous a ôté l'orgueil de la naissance. Vous êtes les enfants d'Adam et Adam fut formé avec de la terre. » Dieu a dit : « Le plus noble d'entre vous aux yeux de Dieu, c'est celui qui le craint le plus. » {Coran, sour. xlix, vers 1 3.) Nous savons aussi que le législateur a désapprouvé la royauté et reproché aux souverains de se livrer aux plaisirs^, de prodiguer leurs trésors sans but utile et de s'écarter de la voie de Dieu; mais il n'a voulu, en réalité, qu'exciter les hommes à devenir amis par la religion et à fuir les contestations et la discorde. Pour le législateur, ce bas monde, avec tout ce qui s'y rattache, n'est qu'un moyen de P 365. transport vers l'autre vie; et, pour arriver au terme d'un voyage, on

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