Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/543

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D'IBN KHALDOUN. âl9

Gacem \ fils de Mohammed et petit-fils d'Abou Bekr, s'écria : « Si j'avais le pouvoir, je confierais le khaiifat à celui-là ! » Il l'aurait cer- tainement fait s'il n'avait pas craint de mécontenter les Oméiades, famille qui avait toute l'autorité entre les mains. Il ne pouvait pas leur enlever le pouvoir sans mettre la division dans l'empire. Cet entraînement à préférer la souveraineté d'un seul est le résultat iné- vitable des tiraillements que l'esprit de parti fait naître dans un gou- vernement monarchique. Lors de l'établissement d'un empire gou- verné par un chef unique, ainsi que nous l'avons posé en principe, si ce chef profite de sa position pour soutenir de toutes les manières la cause de la vérité, il ne mérite aucun reproche. Salomon, ainsi que son père David, exerçait seul le haut commandement chez les Israélites; car cet empire exigeait, par sa nature, l'établissement dun autocrate. Or tout le monde sait que ces deux monarques étaient pro- phètes et hommes de bien. Moaouïa légua l'autorité souveraine à Ye- zîd, afin d'éviter la guerre civile; il savait que les Oméiades ne consen- tiraient jamais à laisser sortir le pouvoir de leur famille. S'il avait choisi un autre successeur que Yezîd , il les aurait eus tous contre lui , malgré la haute opinion qu'ils avaient de son mérite. On n'a donc pas le droit de mal penser de Moaouïa. A Dieu ne plaise que Ton croie Moaouïa capable d'avoir légué le pouvoir à Yezîd, s'il avait su qu'il était un misérable, un vil débauché 1

Voyez encore Merouan Ibn el-llakem et son fils (Abd el-Melek); ils exercèrent tous les deux l'autorité souveraine sans agir comme ces princes qui recherchent les vanités du monde et qui transgressent les règles de la justice. Ils avaient, au contraire, les meilleures intentions, et firent leur possible pour les exécuter. Ce fut dans des cas de la p. 372. dernière nécessité qu'ils se laissèrent détourner de cette voie : préoc- cupés des malheurs qui résulteraient d'une scission entre les mu- sulmans, ils tâchèrent de conjurer le danger à quelque prix que ce fût. L'attention qu'ils mirent à suivre et à imiter (l'exemple des premiers khalifes), et les renseignements que les anciens musulmans nous

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