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D'IBN KHALDOUN. 425

où il est question du serment prêté au Prophète dans la nuit nommée nuit de l'Acaba, et (dans l'assemblée qui eut lieu) auprès de l'arbre^; telle en est aussi la véritable signification partout où il se présente. De là vient l'emploi du mot béiâ pour désigner l'inauguration des khalifes. On dit de même : serment de béiâ (ou d'inauguration), parce que les khalifes exigeaient que la promesse d'obéissance envers eux fût accompagnée d'un serment réunissant les formules qui peuvent p. 877. s'employer dans une déclaration solennelle. On ne prêtait pas ordinai- rement ce serment à moins d'y être contraint; aussi l'imam Malek déclara, par une décision juridique, que tout serment fait à contre- cœur était nul. Les ofiiciers du gouvernement rejetèrent cette décla- ration comme portant atteinte au serment de béiâ, et de là vinrent les mauvais traitements que ce docteur eut à subir ^.

De nos jours, le béiâ est une cérémonie qui consiste à saluer le souverain de la manière qui se pratiquait à la cour des Chosroès : on baise la terre devant lui, ou bien on lui baise la main ou le pied, ou le bas de la robe. Le mot béiâ, qui a la signification de promettre obéissance, est pris ici dans un sens métaphorique; en effet, l'esprit de soumission qui porte à employer une pareille forme de salut et à subir les exigences de l'étiquette royale est une conséquence im- manquable et naturelle de l'habitude d'obéissance. Cette forme de béiâ est maintenant d'un emploi si général, que l'on est convenu de l'admettre comme valide, et l'on a supprimé l'usage de se donner la main, usage qui était autrefois la partie essentielle de l'acte d'hom- mage. Il y avait, en effet, dans la pratique de donner la main à tout le monde quelque chose d'avilissant pour le prince, une familiarité qui choquait la dignité du chef et la majesté du souverain. Un petit nombre de princes se conforment encore à l'ancien usage , par un sen- timent d'humilité; ils agissent ainsi envers leurs principaux officiers et ceux d'entre leurs sujets qui se distinguent par leur piété. On comprend

' Voyez l'Essai de M. Caussin de Per- corps nu, et eut un bras disloqué. (Voy.

cevai, t. m, pages 2 , 8 et 182. le Dictionnaire biographique d'Ibn Khalli-

^ Il fut battu à coups de fouet sur le fean, vol. II, p. 5^7 de la traduction.)

Prolégomènes. 54

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