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424 PROLEGOMENES

successeurs tant qu'ils purent s'appuyer sur le sentiment national du peuple arabe. L'empire, pendant les deux premières phases de son existence, se confondait avec le khalifat; mais lorsqu'il eut épuisé (dans ses guerres) les populations qui formaient la nation arabe, le P. 376. khalifat cessa d'exister. A cette époque l'autorité suprême prit la forme d'une monarchie pure. En Orient, les souverains étrangers qui étaient au service de l'empire, reconnaissaient, par un sentiment de piété, la suprématie des khalifes; mais ils les avaient privés des titres et attri- butions de la royauté pour se les approprier. En Occident, les rois des peuples zénatiens en firent de même : les Sanhadja usurpèrent (en Mauritanie) la puissance temporelle des Obeïdites (Fatémides); les Maghraoua et les Béni Ifren traitèrent de la même manière les kha- lifes Oméiades d'Espagne et les khahfes Obeïdites de Cairouan.

Ainsi nous avons démontré que le khalifat s'établit d'abord sans mélange de royauté; puis il se confond avec la monarchie, qui, plus tard, s'en dégage et s'en isole, pourvu qu'elle ait pour se soutenir un parti distinct de celui du khalifat. Dieu règle la nuit et le jour.

Sur le serment de foi et hommage [béiâ').

Le mot béiâ signilie prendre l'engagement d'obéir. Celui qui engageait sa foi en faisant le béiâ reconnaissait, pour ainsi dire, à son émir, le droit de le gouverner, ainsi que tout le peuple musulman; il pro- mettait que, sur ce point, il ne lui résisterait ^ en aucune manière, et qu'il obéirait à tous ses ordres, lui fussent-ils agréables ou non. Au moment d'engager sa foi envers l'émir, on mettait la main dans la sienne pour ratifier le contrat, ainsi que cela se pratique entre ven- deurs et acheteurs. C'est pourquoi on a désigné cet acte par le terme béiâ, qui est le nom d'action du verbe baâ (vendre ou acheter). Donc la signitication primitive de béiâ, est de se prendre par les mains. Telle est l'acception du mot dans le langage usuel et dans celui de la loi; c'est encore ce que l'on entend par béiâ dans les traditions

M. de Sacy a donné le texte de ce chapitre, avec une traduction, dans sa Chrestoma- thie arabe, t. II, p. a 56 et suiv. — " Pour «^Uj , lisez *c3Uj.

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