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D'IBN KHALDOUN. 433

là-dessus, ainsi que nous venons de le dire. Aujourd'hui on attache une extrême importance à l'imamat, parce que l'individu revêtu de cette dignité peut seul rallier tous les hommes pour la défense de l'empire et maintenir la nation dans un état prospère; aussi fait-on grand cas de l'esprit de corps, sentiment dont la vertu n'est plus maintenant un secret. Comme puissance répressive, il empêche les dissensions, oblige les hommes à se protéger mutuellement, main- tient le peuple dans l'union et le bon accord et seconde les vues du législateur en accomphssant ses desseins et en exécutant ses décisions. La troisième question se rapporte aux guerres qui eurent lieu dans le sein de l'islamisme, et auxquelles les Compagnons et leurs dis- ciples prirent une part si active. Je réponds que la division s'était mise entre eux au sujet de quelques matières qui intéressaient la religion, et qu'elle résulta de la discussion consciencieuse de cer- taines preuves authentiques et de diverses indications importantes. Quand les personnes qui cherchent de bonne foi à trouver la vérité ne tombent pas d'accord, c'est la nature des preuves qui les en empêche. Si nous disions que, dans des questions dont la solution dépendait d'un examen consciencieux, l'un des partis était dans le vrai et que ' l'autre s'était trompé , ( cela ne prouverait rien , car) l'opi- nion générale n'indique pas le parti qui avait raison ^. Donc nous devons admettre que la possibilité d'être dans le vrai était égale pour les deux partis ; et alors on ne peut indiquer positivement le p. 385. parti qui s'est trompé. D'ailleurs l'opinion unanime (des casuistes) est que, dans des cas pareils, on ne peut donner tort ni à l'un des partis ni à l'autre. Si nous disions que chaque parti était dans le vrai et qu'à force d'efforts ils avaient tous les deux rencontré la vérité, ce serait encore bien; car nous éviterions, de cette manière, la néces- sité d'avouer qu'un des partis s'était trompé ou avait agi d'une manière coupable. En somme, ce qui mit la discorde entre les premiers musulmans, ce furent des questions qu'ils croyaient être de celles

' Pour U, lisez i ^^y — ^ Littéral, «car sa bonne direction n'est pas constatée par l'accord unanime. »

Prolégomènes. 55

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