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D'IBN KHALDOUN. 469

d'un gouvernement régulier, ils ne sauraient se passer d'une personne qui les dirige vers ce qui leur est avantageux, et qui les contraigne à s'éloigner de tout ce qui pourrait nuire. Cette personne s'appelle le roi. Dans l'islamisme , la guerre contre les inlidèles est d'obligation divine, parce que cette religion s'adresse à tous les hommes et qu'ils doivent l'embrasser de bon gré ou ' de force. On a donc établi chez les musulmans la souveraineté spirituelle et la souveraineté tempo- relle, afin que ces deux pouvoirs s'emploient simultanément dans ce double but. Les autres religions ne s'adressent pas à la totalité des hommes; aussi n'imposent-elles pas le devoir de faire la guerre aux infidèles; elles permettent seulement de combattre pour sa propre défense. Pour cette raison, les chefs de ces religions ne s'occupent en rien de l'administration politique. La puissance temporelle est entre les mains d'un individu qui fa obtenue par un hasard quel- conque ou par suite d'un arrangement où la religion n'entre pour rien. La souveraineté s'est établie chez ces peuples, parce que l'esprit de corps les y porte par sa nature même , ainsi que nous l'avons déjà indiqué; la religion ne leur imposait pas cette institution, vu qu'elle ne leur ordonnait pas de subjuguer les autres peuples, ainsi que cela eut lieu dans l'islamisme. Ils ne sont obligés qu'à veiller au maintien de la religion dans leur propre nation; aussi les Israélites, à partir de l'époque de Moïse et de Josué, passèrent environ quatre siècles sans penser à fonder un royaume; leur unique souci fut le maintien de la religion. Le chef qui veillait à la conservation de la P. 4i6. foi portait, chez eux, le nom de Cohen; lieutenant de Moïse, pour ainsi dire, il dirigeait les cérémonies de la prière et les sacrifices'^. Pour remplir ces fonctions, on devait être de la postérité d'Aaron, parce que, selon la révélation divine, elles devaient appartenir à Aaron et à ses enfants. Pour donner de la consistance à l'administration poli- tique, institution naturelle aux hommes, ils firent choix de soixante et dix cheikhs (chefs ou vieillards), auxquels ils confièrent l'apphcation

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