Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/64

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Lvi PROLÉGOMÈNES

me mettre en liberté. Je me rendis aussitôt au couvent du saint cheikh Bou Medin \ voulant échapper au tracas des affaires mon- daines et me dévouer à l'étude, tant qu'on me laisserait tranquille.

J'embrasse le parti du sultan Abd el-Azîz, souverain du Maghreb (Maroc).

Quand Abou Hamraou reçut la nouvelle de l'occupation de Tlem- cen par le sultan Abd el-Azîz, il se hâta de quitter El-Bat'ha avec sa famille et ses partisans, les Béni Amer, afin de passer dans le terri- toire occupé par les tribus riahides. Le sultan envoya à la poursuite des fugitifs un corps d'armée sous les ordres de son vizir Abou Bekr Ibn Ghazi, et réussit, par l'entremise de son conseiller dévoué, Ouenzemmar Ibn Arif, à gagner l'appui des tribus zogbiennes et ma- kiliennes. Se rappelant alors l'influence que j'exerçais sur les chefs des tribus rîahides, il se décida à m' envoyer auprès d'elles afin de les gagner à sa cause. J'étais alors installé dans le couvent de Bou Medin, avec l'intention de renoncer au monde, et j'avais déjà commencé un cours d'enseignement quand je reçus du sultan l'invitation de me rendre auprès de lui.

Il m'accueillit avec tant de bonté que je ne pus refuser la mis- sion dont il voulait me charger; il me revêtit d'une robe d'honneur et me donna un cheval ; puis il écrivit aux chefs des Douaouïda que ce serait désormais par mon canal qu'il leur transmettrait ses ordres. Dans d'autres lettres adressées à Yacoub Ibn Ali et à Ibn Mozni, il leur recommanda de me seconder et de faire en sorte qu'Abou Hammou quittât les Béni Amer pour passer dans la tribu de Yacoub Ibn Ali ^. Au jour d'Achoara de l'an 772 (commencement d'août 1 370 de J. C), je pris congé du souverain et me rendis à El-Bat'ha,

' Le tombeau d'Abou Medyen, vulgai- Ibn el-Rlialîb (manuscrit de la Bibliothè-

rement appelé Boa Medîn, est à deux ki- que impériale, ancien fonds arabe, n" 769,

lomètres sud-est de Tlemcen. Son couvent fol. i3i v° et suiv.) se trouve une notice

ou collège, appelé El-Obbad » les adora- biographique de ce marabout célèbre, teurs , » est toujours fréquenté; sa mosquée ' Le sultan mérinide voulait sans doute

et son célèbre cimetière s'y voient en- faire surveiller Abou Hammou par les

core. Dans la Vie du vizir Liçan ed-Dîn Béni Yacoub et même le faire arrêter.

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