Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/81

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D'IBN KHÂLDOUN.

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��parole de noire maître, Abou '1-Cacem el-Bordji, cadi 'l-asker^ de Fez, qui, en i'an 766, lors de son retour d'une mission auprès du souverain de l'Egypte, répondit au sultan Abou Eïnan, quand ce prince lui demanda ce qu'il pensait du Caire : " Ce qu'on voit en songe surpasse la réalité; mais tout ce qu'on pourrait rêver du Caire serait au-dessous de la vérité. »

Peu de jours après mon arrivée, les étudiants vinrent en foule me prier de leur donner des leçons. Malgré mon peu de savoir, il me fallut consentir à leur désir, et je commençai à faire un cours dans le Djamê '1-Azher ^. On me présenta ensuite au sultan ', qui m'accueillit avec beaucoup d'affabilité et m'assigna une pension sur les fonds de ses aumônes, selon sa manière habituelle d'agir envers les savants. J'espérais alors que ma famille viendrait me rejoindre; mais le sultan de Tunis l'empêcha de partir, dans l'espoir de me ramener auprès de lui. Pour lui faire changer d'avis, il me fallut avoir recours à la mé- diation du sultan égyptien. Vers cette époque, une place de profes- seur au collège d'El-Camhiya * vint à vaquer par la mort de celui qui l'occupait, et El-Melek ed-Dhaher me choisit pour la remplir.

Telle était encore ma position quand le sultan, dans un moment de mécontentement, destitua le cadi malékite. Il y a ici un cadi pour chacun des quatre rites orthodoxes; ils portent tous le titre de cadi 'l-codat (cadi des cadis); mais la prééminence appartient au cadi cha-

��' Voyez ci-devant, page xxxiv, noie 4-

' Labrillante mosquée [El-Djamê l-Azher) est encore la première université de l'E- gypte.

' Selon Abou '1-Meliacen , dans son Dic- tionnaire biographique, intitulé El-Minhel es-Safi, manuscrit de la Bibliothèque im- périale, ce fut à l'émir Ala ed-Dîn Tam- bogha el-Djeubani qu'lbn Khaldoun dut sa présentation au sultan.

  • Le collège appelé El-Medresat el-Cam-

hiya « le collège à blé » fut fondé, l'an 566 (1171 de J. C), par le sultan Saladin , Prolégomènes.

��pour l'enseignement du droit malékite. Il installa quatre professeurs dans ce collège, qui devint le principal séminaire des malé- kites. Cet èlablissement possédait une terre dans le Feïyoum, dont les récolles en blé [camh] furent régulièrement distribuées aux élèves. De là vient le nom de Camhiya. En l'an 8a5(i42a), le sultan El-Mélekel- Achref Bersebaï s'empara d'une partie des biens [ouakf] appartenant à cette institu- tion et les concéda à deux de ses mam- louks. (El-Macrîzi, dans son Khitat, t. II, p. i*"ii=, de l'édition de Boulac.)

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