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92 PROLÉGOMÈNES

lourdes et rapportent peu. En voici la raison : si les fondateurs de l'empire marchent dans la voie de la religion, ils n'adoptent que les impositions autorisées par la loi divine, c'est-à-dire, la dîme aumô- nière, l'impôt foncier [kharadj] et la capitation (payée par les juifs el les chrétiens!. Or la dîme de l'argent monnayé est peu forte, comme chacun le sait', celle des grains et des troupeaux n'est pas lourde; il en est de même de la capitation et de l'impôt foncier. Or le taux de ces impôts est fixé par la loi et ne peut pas être augmenté. Si l'empire a été fondé sur l'esprit de tribu et de conquête, la civilisation a dû y être d'abord celle de la vie nomade, ainsi que nous l'avons dit ail- P. 80. leurs. Or cette civilisation a pour effet nécessaire de porter le gou- vernement à l'indulgence, à la générosité, à la douceur, à la répu- gnance de toucher aux biens ^ du peuple et à l'indifférence pour l'acquisition des richesses, excepté dans des cas assez rares. Aussi les taxes et impôts individuels, dont le montant forme le revenu de l'em- pire, sont très-légers, et, cela étant ainsi, les sujets se livrent à leurs travaux avec ardeur et avec plaisir; la culture des terres prend beau- coup d'extension, parce qu'on veut profiter des avantages que la faiblesse des impôts assure aux cultivateurs, et cela augmente beau- coup le nombre des personnes dont les contributions forment les richesses de l'Etat. Quand l'empire a duré pendant un certain temps, sous plusieurs souverains successifs, les chefs de l'Etat ac- quièrent plus d'habileté dans les affaires et perdent, avec leurs ha- bitudes de la vie nomade, la simplicité de mœurs, l'indulgence et le désintéressement. qui les distinguaient jusqu'alors; l'administra- tion devient sévère et exigeante^; les usages de la vie sédentaire développent l'intelligence des fonctionnaires publics; dès lors* ces hommes se montrent plus habiles en affaires et, comme ils se livrent aux jouissances du bien-être, ils acquièrent les habitudes (du luxe) et de nouveaux besoin . Cela les porte à augmenter le taux des im-

Elle est de deux el demi pour cenl. celle des manuscrils C el D et de l'édition

' Pour ^^I, lisez jL-ot. de Boulac.

■' J'adopte la leçon ^y-àjJI, qui est * Après iJjoJI, insérez JA»-ca..

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