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D'IBN KHALDOUN. 93

pots auxquels les laboureurs, les cultivateurs et tous les autres con- tribuables sont soumis; ils veulent que chaque taxe, chaque impôt, rapporte beaucoup, afin d'augmenter le revenu de l'Etal. Ils impo- sent aussi des droits sur les ventes et établissent des percepteurs aux portes de la ville; mais de ceci nous parlerons plus tard. Les habitudes de luxe et de dépense augmentent graduellement dans l'Etat, et, comme les besoins du gouvernement se multiplient, les impôts s'élèvent dans la même proportion et pèsent lourdement sur le peuple. Cette charge lui paraît cependant une chose d'obliga- tion, vu que l'augmentation des impôts s'était faite graduellement, p. 81. sans qu'il eût remarqué qu'on les avait portés au delà du taux pri- mitivement établi et sans savoir qui l'avait fait. Aussi ce taux aug- menté demeure • comme une obligation à laquelle on a toujours été accoutumé. Plus tard, l'impôt dépasse les bornes de la modération et détruit, chez les cultivateurs, l'amour du travail. Quand ils comparent les frais et les charges qu'ils doivent supporter avec les profits et les avantages qu'ils peuvent espérer, ils se laissent aller au découragement, et beaucoup d'entre eux renoncent à la culture des terres. Cela amène une diminution dans le produit de l'impôt et, par une suite nécessaire, dans le revenu de l'Etat. Quelquefois, quand les chefs de l'empire s'aperçoivent de cette diminution, ils croient pouvoir y remédier en augmentant les impôts, et ils continuent à suivre ce système jusqu'à ce que le taux des contributions atteigne une limite au delà de laquelle aucun profit ne peut rester au cul- tivateur. Les frais du labourage et les impôts absorbent tout et ne laissent aucun avantage à espérer. Comme le revenu ne cesse de diminuer, le gouvernement continue à augmenter les impôts dans l'espoir de combler le déficit; on renonce enfin à la culture des terres parce qu'on a perdu l'espoir de profiter de son travail, et tout le mal qui résulte de cela retombe sur l'État. En effet, quand l'agri- culture rapporte beaucoup, c'est le gouvernement qui en profite. Le

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