Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/106

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que ces entreprises tendent à ruiner l'agriculture, et cela est la perte de l'empire. En eflfet, si les sujets de l'Etat ne cherchent pas à» faire valoir leur argent par l'agriculture et par le commerce, ils seront obligés de vivre de leurs capitaux, et, quand ils auront tout dépensé, ils seront ruinés. C'est là une chose qu'il faut bien comprendre. P. 86. Les Perses choisissaient toujours pour roi un membre de la famille royale distingué par sa piété, sa bonté, son instruction, sa libéralité, sa bravoure et sa générosité, et ils lui faisaient prendre l'engagement de gouverner avec justice, de ne pas avoir des fermes à lui, ce qui pourrait nuire aux intérêts de ses voisins; de ne pas exercer le com- merce, car cela augmenterait nécessairement' le prix des marchan- dises, et de ne pas avoir des esclaves à son service, parce qu'ils ne donnent jamais des conseils qui soient bons et utiles. C'est le revenu de l'État seul qui enrichit le souverain et augmente ses moyens. Pour que le revenu soit ample, on doit ménager les contribuables et les traiter avec justice; de cette manière on les encourage et on les dis- pose à travailler avec empressement dans le but de faire fructifier leurs capitaux; car c'est d'eux que le souverain tire presque tout son argent. Toute autre occupation à laquelle un souverain pourrait se livrer, le commerce, par exemple, et l'agriculture, nuit prompte- ment aux intérêts du peuple , au revenu de l'Etat et a la culture des terres.

Il arrive quelquefois qu'un émir ou le gouverneur d'un pays con- quis se livre au commerce et à l'agriculture, et oblige les négociants qui visitent cette contrée et qui s'occupent de ces branches de com- merce de lui céder leurs marchandises au prix qu'il fixe lui-même. Ensuite il s'empresse d'y mettre un prix (plus élevé) et de les vendre à ses administrés. Cela est encore pis que le système suivi par le sultan, et nuit plus gravement aux intérêts de la communauté. Les sultans eux-mêmes écoutent quelquefois les conseils de personnes engagées dans^ ces branches de commerce, c'est-à-dire des négociants

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