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D'IBN KHALDOUN. 99

ou des cultivateurs, parce qu'ils croient que ces gens, ayant été élevés dans le métier, le comprennent bien. D'après l'avis de ces individus, ils s'engagent dans le commerce et les associent dans l'en- treprise. Cela permet à ceux-ci d'arriver à leur but, c'est-à-dire de gagner beaucoup et promptement, surtout s'ils ont la permission de P. 87. faire le commerce pour leur propre compte, sans être obligés à payer des droits ou des taxes. C'est là, assurément, le moyen le plus certain et le plus prompt de faire valoir ses capitaux; mais de pareilles gens ne se doutent pas du tort que cela fait au sultan en diminuant ses revenus. Les souverains devraient se tenir en garde contre ces hommes et repousser toutes leurs propositions, parce qu'elles tendent à ruiner également le revenu du prince et son auto- rité. Que Dieu nous inspire pour nous diriger nous-mêmes , et qu'il nous fasse jouir des fruits de nos bonnes actions. Il n'y a point d'autre seigneur que lui.

Le sultan el ses officiers ne vivent dans l'opulence qu'à l'époque où l'empire esl dans la période intermédiaire de son existence.

Dans un empire qui commence, les revenus de l'Etat se partagent entre les tribus et les chefs des partis (qui ont contribué à le fonder), et les portions se règlent d'après la puissance de chaque parti et les services qu'il peut rendre. A cette époque, ainsi que nous l'avons dit, leur concours est nécessaire pour l'établissement du bon ordre. Le prince qui se trouve à leur tête ne s'oppose pas à leur désir de s'ap- proprier les sommes fournies par les impôts, parce qu'il espère obte- nir, en échange de cette concession , le droit de les gouverner avec une autorité absolue. 11 supporte l'orgueil des chefs, parce qu'il a besoin d'eux, et se contente d'une partie des impôts à peine suffi- sante pour couvrir ses dépenses. Pendant ce temps les vizirs, les employés civils, les clients et tous les autres officiers et dépen- dants du sultan restent dans la pauvreté , sans pouvoir déployer le moindre faste, parce que leur maître lui-même est tenu dans un état de gêne par les exigences des chefs qui l'ont soutenu'. Mais, lorsque

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