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où se trouvait le sultan Barkyaroc, fils de Melek-Chah. Ceci se passait vers la fin du v" siècle ^ Le vizir du sultan alla le voir, et lui emprunta la plus grande partie de son argent, puis il enleva ce qui restait. Le tout formait une somme énorme. Abou Yahya Zekeriya Ibn Ahmed ei-Lihvani, le neuvième ou dixième sultan hafside de l'IFrîkiya^, ayant voulu abandonner le trône et se rendre en Egypte, afin d'échapper au seigneur des provinces occidentales^, qui s'apprêtait à marcher sur Tunis, partit pour Tripoli sous le prétexte d'y rétablir l'ordre, et, s'y étant embarqué, s'enfuit à Alexandrie, emportant avec lui tout l'argent et tous les objets précieux qui se trouvaient dans le tré- sor public. Il avait même vendu tous les effets* conservés dans les magasins du gouvernement, ainsi que les immeubles appartenant à l'Etat, les pierreries et même les livres ^. Arrivé en Egypte, l'an 7 1 9 ( 1 3 1 g de J. G.) , il alla descendre chez le sultan El-Melek en-Nacer Mohammed Ibn Calaoun. Ce prince l'accueillit avec de grands hon- P. 92. neurs, mais ne cessa de lui soutirer de l'argent jusqu'à ce qu'il lui eût tout pris. Dès lors Ibn el-Lihyani vécut de la pension que le gouvernement égyptien lui avait assignée. Il mourut l'an 728 (1827- 1828 de.I. C), ainsi que nous le dirons dans l'histoire de son règne^. L'idée d'émigrer est une de ces fantaisies qui passent par la tête des

' L'an 494 de l'hégire (1 101 de J. C). vendre tous les meubles, lapis, vases et

(Voy. Abulfedœ Annales, t. III, p. Sag.) autres objets précieux qui se trouvaient

^ Le dixième. Le sultan Abou Yabya dans les garde-meubles de la couronne, et

el-Lihyani monta sur le trône de Tunis au jusqu'aux livres de la bibliothèque que

mois d'octobre i3ii. (Voy. Histoire des l'émir Abou Zekeriya I" avait fondée.

Berhers, tome II, page ASg.) Ces volumes, tous manuscrits originaux

' Les provinces occidentales, c'est-à- ou bien exemplaires choisis avec grand

J dire celles de Bougie et de Constanline, soin, furent distribués aux libraires pour

s'étaient détachées de l'empire hafside, être mis en vente dans les boutiques. On

et obéissaient alors à un prince hafside prétend que, par tous ces moyens, il

nommé Ahoa Yahya Ahou Bekr. ramassa plus de vingt quintaux d'or et

Pour UJs , lisez t« Js'. assez de grosses perles et de rubis pour

^ «Le sultan Abou Yahya el-Lihyani, en remplir deux sacs.» [Histoire des Ber-

ç'étant décidé à renoncer au khalifat et bers.t. II, p. Mi6.)

à sortir du pays, commença par emballer " Voy. Histoire des Berhers , t. II, p. 452

son argent et ses trésors; ensuite il fit et 453.

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