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D'IBN KHALDOUN. 105

gens haut placés quand ils soupçonnent que le sultan veut les perdre. S'ils réussissent à' s'évader, ils sauvent leurs personnes (mais ils perdent leur argent). Quant à leur crainte de se trouver dans le besoin, elle est mal fondée; leur réputation d'hommes d'état suffit toujours pour leur assurer les moyens de vivre ; ils obtiennent une pension du sultan dans le pays duquel ils se sont réfugiés, ou bien ils se font une honorable aisance en se livrant au commerce ou à l'agri- culture. Les empires sont parents (les uns des autres, et les hommes d'état n'y sont jamais dépaysés); mais

Les hommes sont insatiables si on les encourage; réduits à l'indigence, ils se contentent de peu'.

Dieu est le dispensateur; il est fort et inébranlable. [Coran, sour. li, vers. 58.)

La diminution des traitements amène une diminution dans le revenu.

L'empire et le sultanat forment le grand marché de la nation^, marché d'où l'on tire toutle matériel de la prospérité publique. Donc si le sultan n'a point d'argent, ou s'il amasse des trésors et met de côté les revenus de l'Etat sans vouloir donner à ces sommes un emploi con- venable*, les gens de son entourage auront très-peu d'argent entre les mains; ils ne pourront plus en fournir à leurs serviteurs ni à ceux qui dépendent d'eux-mêmes, et ils seront tous obligés de diminuer leurs dépenses. Or la foule qui encombre les marchés se compose, en grande partie, de ces personnes, et ce sont elles qui, par leurs achats, con- tribuent le plus à l'activité du commerce. Aussi, quand elles cessent de faire des dépenses, le marché languit, les négociants gagnent peu, vu la rareté de l'argent, et cela amène une diminution dans le produit de l'impôt foncier. En effet, ce qui nourrit cet impôt et les autres P. gS. sources du revenu public, ce sont l'agriculture, les transactions com- merciales, l'activité des opérations mercantiles, et les efforts de ceux

' C'est un vers en arabe. — ' Littéral, «de l'univers.» C'est la cour que l'auteur désigne ici par les mots empire et sulumat. — ^ Après L^^-aj , insérez L<JvLa..« ^J. Prolégomènes. — ii. i4

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