Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

114 PROLÉGOMÈNES

Dieu est l'ordonnateur de toute chose ; il n'y a point d'autre seigneur que Lui.

Comment l'office de chambellan s'établit. Il acquiert une grande importance quand l'empire est en décadence '.

Une dynastie qui commence n'est guère exposée à ressentir ies im- P- 101. pulsions (de Torgueil) , qui ont tant d'influence sur la royauté ; car elle doit nécessairement s'appuyer sur l'esprit de corps (esprit national) du peuple qui l'a fondée et qui en a établi l'autorité. Or le caractère distiffctif de l'esprit de corps, c'est la condition de la vie nomade. Si la dynastie s'est établie en combattant pour la cause de la reli- gion, elle ne saurait éprouver les sentiments (d'orgueil) qui domi- nent dans la royauté; si elle doit son existence à l'esprit de conquête seulement, la vie nomade dont elle tient son succès répugne aux • tendances et aux usages qui prévalent dans un gouvernement royal. Comme la dynastie qui commence^ n'a d'autre civilisation que celle de la vie nomade, le souverain se montre plein de condescendance et de simplicité; il est familier avec le peuple et se laisse aborder fa- cilement. Mais lorsqu'il a consolidé son pouvoir, qu'il a concentré en lui-même toute l'autorité et qu'il a besoin de s'isoler du public pour s'entretenir avec ses ministres sur les affaires qui l'intéressent, il essaye, tant qu'il peut, de se dérober à la foule. Dès lors on ne saurait parvenir auprès de lui sans l'autorisation d'un des servi- teurs du prince, d'un officier de l'empire, chargé de se tenir à la porte du palais et de s'interposer [hadjeh] entre le souverain et le peuple. Plus tard, quand les tendances et les usages de la royauté ont commencé à prévaloir, le chef de l'Etat change de caractère et se pose en roi. Or c'est une chose singulière et bizarre que le carac- tère des rois ; il exige de grands ménagements et des égards tout à fait spéciaux. Ceux qui ont affaire au souverain ne savent pas tou-

' 11 me semble que ce chapitre est hors fonctions du chambellan. (Voy. ci-devant, de sa place : l'auteur aurait dû le meltre p. i8.) à la suite de celui dans lequel il traite des ' Avant Uy»|, insérez. J^L

�� �