Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN RHALDOUN. 139

dans toutes les choses du monde , les changements se font graduel- lement.

Les famines et les grandes mortalités sont fréquentes quand l'empire est dans la dernière période de son existence. A cette épo- que, les famines ont presque toujours pour cause la suspension des travaux agricoles. Le peuple ne veut plus cultiver la terre parce que le gouvernement lui arrache son argent, l'accable d'impôts et le force à payer des droits de vente illégaux '. Les troubles causés par l'ap- pauvrissement des sujets et par les nombreuses révoltes auxquelles la faiblesse de l'empire donne lieu contribuent aussi au découragement général. Cela amène ordinairement une grande réduction dans la quantité des grains que Ton met en magasin. D'ailleurs la culture de la terre ne prospère pas toujours et ne fournit pas régulièrement des produits abondants. L'atmosphère, étant naturellement sujette à de grandes variations, peut donner beaucoup de pluie ou très-peu, et cela influe directement sur la quantité de grains-, de fruits et de bé- tail. Le peuple s'imagine qu'il y aura toujours assez de blé dans les magasins pour le nourrir, et, si ces dépôts viennent à lui faire défaut, il s'attend à la famine. Alors le prix des céréales augmente, et les pauvres, n'ayant pas le moyen d'en acheter, meurent de faim. 11 arrive aussi qu'en certaines années on n'a pas emmagasiné du blé, et cela amène une famine générale.

Quant aux grandes mortalités, elles ont pour causes, i° la famine; 2° la fréquence des révoltes qui ont lieu pendant la désorganisation de l'empire, alors que des troubles éclatent à chaque moment et coû- tent la vie à beaucoup de monde ; 3° l'invasion des épidémies. Ces ma- ladies ont ordinairement pour cause l'altération de l'atmosphère par des principes de corruption et par des vapeurs malignes provenant d'une population surabondante. Or, puisque l'air est la nourriture des esprits vitaux et qu'il est toujours en contact avec eux, s'il se gâte, P. 126. le mal se transmet à la constitution. Si l'altération est très-forte,

' Les mss. C, D et l'édition de Boulac portent «j'tyf iJ^àJI ^ c:jLUi!j — ' Pour

f^yi, lisez f^yi^.

18.

�� �