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138 PROLÉGOMÈNES

c'était une de ces choses extraordinaires un des miracles de notre Prophète, lesquels, selon l'opinion générale, eurent lieu dans l'isla- misme (après sa mort). Or aucune analogie n'existe entre un miracle et un événement ordinaire ; donc on ne doit pas citer un miracle pour réfuter (un principe général).

Quand un empire est dans la dernière période de son existence, la population est très- nombreuse et les famines, ainsi que les grandes mortalités, sont fréquentes.

Le lecteur a déjà vu que, dans les empires naissants, le gouver- nement se distingue nécessairement par sa douceur et par sa modé- ration. Il tient ces qualités de la religion, si l'empire doit son exis- tence au triomphe d'une doctrine religieuse, sinon il les dérive des beaux et nobles sentiments qui se développent immanquablement dans l'âme sous l'influence de la civilisation qui naît dans la vie no- made et qui se reproduit naturellement dans les nouveaux empires. Sous une administration juste et bienfaisante, les cœurs s'ouvrent à l'espérance et l'on se livre avec ardeur à toutes les occupations qui pro- fitent à la société. La population, déjà nombreuse, prend un grand accroissement; mais comme cela se fait graduellement, on ne s'en aperçoit qu'après une ou deux générations. Au commencement de la troisième, l'empire approche du terme de sa vie \ la population a atteint son maximum. Qu'on ne nous objecte pas ce que nous avons P. 125. déjà dit, savoir que, dans les derniers temps d'un empire, le gou- vernement est mauvais et opprime^ les sujets, (et que, par consé- quent, la population doit diminuer). Notre observation en elle-même est juste, mais on ne peut pas nous l'opposer. Il est vrai que le peuple souffre à cette époque, et que les impôts ne rapportent pas beaucoup; mais les mauvais effets qui résultent de cet état de choses ne devien- nent sensibles qu'au bout d'un certain temps, ce qui tient au fait que,

' Pour Uyot, lisez t*y^. avec tous les * Ici et dans la ligne suivante il faut

manuscrits et l'édition de Boulac. Sur les remplacer tjt:*-! par (_»^-l, leçon

diverses périodes de la vie d'un empire, offerte par le manuscrit D et par l'édi-

voy. la première partie, pages 3^7, 356. lion de Boulac.

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