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D'IBN KHALDOUN. 9

respondance et des dépêches, afin de mieux assurer le secret des ordres donnés par le sultan, et de veiller au maintien du bon style (dans la rédaction de ces pièces). Cela était devenu une nécessité, vu que, dans la masse du peuple, la langue s'était déjà corrompue. Le vizir obtint aussi le droit de cacheter les pièces émanant du sultan, afin d'empêcher le contenu d'être connu et divulgué. De cette ma- p. 8. nière il réunit l'administration civile et l'administration militaire à ses attributions ordinaires comme aide et conseiller du souverain.

Aussi, sous le règne de Haroun er-Rechîd, on donna le titre de sultan à Djâfer, fils de Yahya (le Barmekide), pour indiquer qu'il avait la direction générale (du gouvernement) et l'entière adminis- tration de l'empire. 11 s'était attribué les fonctions de tous les oflices qui dépendent du sultanat, à l'exception, toutefois, de celles de cham- bellan, charge qu'il dédaignait d'exercer.

Ensuite vint le temps où les khalifes abbacides se laissaient enle- ver le pouvoir. Pendant cette période , l'autorité passait alternative- ment du sultan (khalife) au vizir et du vizir au souverain. Pour exercer d'une manière légitime cette autorité usurpée, le vizir se faisait donner un diplôme par lequel le khalife le constituait son lieu- tenant; car autrement les jugements prononcés en vertu de la loi n'auraient pu être exécutés d'une manière légale. Il se forma alors deux espèces de vizirats : si le souverain jouissait de toute son indé- pendance, le vizir ne faisait qu'exécuter les ordres du souverain, dont il était, pour ainsi dire, le mandataire, et, en ce cas, sa charge s'appelait le vizirai d'exécution [oaïzara tenfid). Quand le vizir exerçait l'autorité à l'exclusion du khalife, on désignait sa charge par le terme de vizirai de délégation [onïzara tefouidh).

[En' ce dernier cas, le khalife lui remettait toutes les affaires du gouvernement avec l'autorisation de les diriger comme il les enten- dait. A celte époque eut lieu la (grande) controverse au sujet de l'é- tablissement de deux vizirs exerçant simultanément leur autorité par

' Ce passage, mis entre des crocliels, ne se trouve que dans le manuscrit A. Prolégomènes. — ii. a

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