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10 PROLEGOMENES

délégation : (on discutait la légalité de cette innovation) de même qu'on avait contesté la légalité d'instituer ^ deux imams. Voyez ci-devant, au chapitre qui traite des principes qui forment la base du khalifat.]

Plus tard, le pouvoir temporel échappa définitivement aux khalifes et passa entre les mains des princes persans; toutes les institutions administratives qui étaient particulières au khalifat tombèrent en désuétude. Ces rois, n'osant pas s'arroger les titres consacrés spé- cialement à la dignité de khahfe, et trop fiers pour adopter ceux qui appartenaient au vizirat, charge exercée alors par leurs propres ser- P. 9. viteurs , se décidèrent à se faire appeler émir et sultan. Celui d'entre eux qui exerçait l'autorité suprême portait le titre d'émir des émirs [emîr el-omerâ), ou bien celui de sultan, à quoi il ajoutait les titres honorifiques que le khalife lui avait accordés. Quant au titre de vizir, ils le laissèrent au fonctionnaire qui administrait le domaine privé du khalife. Ces usages se maintinrent jusqu'à la fin de leur do- mination.

Pendant ce temps, la langue arabe s'altérait de plus en plus, et son enseignement était devenu l'occupation de certaines personnes qui en faisaient un métier. Les vizirs dédaignaient cette langue parce qu'ils étaient persans, et que l'élégante précision qu'on admire dans l'arabe n'est pas une des qualités que l'on recherche dans la langue persane. Voilà pourquoi on choisissait indifféremment dans tous les rangs de la société (les personnes auxquelles on voulait confier les fonctions de secrétaire d'état). Cela ne se faisait que pour cet emploi, qui du reste était tombé dans la dépendance du vizirat.

On donna le titre d'émir au fonctionnaire qui s'occupait des affaires de la guerre, de l'armée et de ce qui s'y rattachait. Tous les autres officiers étaient subordonnés à l'autorité de cet officier. 11 exerçait le droit de commandement sur eux tous, soit par délégation comme naïb (ou lieutenant du khalife), soit par usurpation.

' Il faut sans doute remplacer le mut iV-àjJf par oJîm

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