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PROLÉGOMÈNES

QUATRIÈME SECTION.

sur les villages, les villes, les cités et autres lieux où se trouvent des populations sédentaires. — sur les circonstances qui s’y présentent. — observations préliminaires et supplémentaires.




La fondation des empires précède celle des villes et des cités. — La royauté s’établit d’abord et la cité ensuite.


Fonder des villes et construire des lieux d’habitation est une des impulsions que l’on reçoit dans la vie sédentaire, état auquel on se laisse porter par l’amour du bien-être et du repos. Pour que cela ait lieu, la tribu doit avoir passé par la vie nomade et ressenti tous les désirs qui naissent dans cet état. D’ailleurs les cités et les villes doivent posséder des temples, de grands édifices, de vastes constructions, parce qu’il en faut, non pas dans l’intérêt de quelques individus, mais de la communauté. Donc (pour bâtir une ville) il faut réunir des ouvriers en grand nombre et des travailleurs qui puissent s’entr’aider. P. 202.Ce n’est pas là une de ces obligations forcées auxquelles tous les peuples sont soumis et qu’ils doivent remplir, soit de bon gré, soit par la nécessité des choses ; c’est la volonté du souverain qui les y porte, soit par l’emploi de la contrainte, soit par l’appât d’une récompense. Mais ces encouragements doivent être si considérables que les ressources d’un empire peuvent seules y suffire. Donc, pour fonder une capitale ou construire une grande ville, il faut absolument qu’il y ait un souverain et un empire pour s’en charger.

La ville, une fois construite et achevée selon les vues du fondateur et les exigences du climat et du sol, aura la même durée que l’empire. Si celui-ci ne se maintient que peu de temps, la ville cessera de prospérer du moment que l’empire succombera ; elle verra décroître sa population et tombera en ruine. Si l’empire dure longtemps et