Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/247

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pendant une période considérable, on continuera à bâtir, dans la ville, de grands édifices et des logements aussi vastes que nombreux; l’en- ceinte des murs s’élargira au point de rendre les quartiers si vastes et les distances si grandes qu’à peine pourra-t-on les mesurer. C’est ce qui est arrivé pour Baghdad et d’autres villes. l,e Khatîb’ rapporte, dans son Histoire, qu’au temps d’El-Mamoun le nombre des maisons de bains y avait atteint le chiffre de soixante -cinq mille; que cette capitale se composait de plus de quarante villes et bourgs qui se touchaient ou qui étaient très-rapprochés les uns des autres, et qu’elle n’était pas entourée d’une enceinte continue, tant elle renfermait de monde. 11 en fut de même de Cairouan, de Cordoue et d’El-Mehdiya, sous la domination musulmane, et tel est, de nos jours, fétat de Misr (le Vieux-Caire) et du Caire, si je suis bien renseigné.

Lors de la chute de la dynastie qui a fondé la ville , il arrivera une des deux choses que nous allons indiquer. S’il y a des peuples campagnards dans les montagnes et les plaines environnantes, la ville en tirera assez de monde pour entretenir sa population au complet et p. 2o3. pour prolonger son existence; elle survivra ainsi à l’empire qui favait fondée. Cela est arrivé, comme on le sait, pourFez^et pour Bougie, dans le Maghreb. En Orient (le même fait s’est reproduit en ce qui concerne les villes de) l’irac persan, pays qui renferme une forte population de montagnards. En effet, quand les gens de la campagne ont atteint le plus haut degré d’aisance et de richesses dont ils sont capables, ils aspirent après la tranquillité et le repos, ce qui, du reste, est dans la nature de l’homme, et ils vont se fixer dans les villes et les cités, où ils propagent leur race. Mais si la ville que l’empire a l’ondée n’a pas^ (dans son voisinage) des peuples campagnards qui puis- sent lui fournir les éléments pour suppléer à la décroissance de sa population, ses murs d’enceinte se dégraderont aussitôt que fempire

’ Abou Bekr Ahmed El-Khalîb, natif Sa vie se trouve dans le Biograpkical die

de Baghdad, composa un dictionnaire bio- tionary d’Ibn Khallikan, vol. I, p. 75. graphique des hommes marquants de celle ’ Lisez ,jXJ L yl , avec les manuscrils

ville et mourut l’an 463 (1071 de .1. C). C, D et l’édition de Boulac.

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