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242 PROLÉGOMÈNES

deur est toujours en proportion de la puissance des dynasties qui les ont fondés. En effet, la construction des grandes villes ne peut s'exé- cuter que par la réunion d'une foule de travailleurs qui se prêtent un secours mutuel. Si l'empire est très-vaste et se compose de plu- sieurs provinces étendues, on peut rassembler des ouvriers de toutes ces contrées et réunir leurs bras pour l'accomplissement de l'entre- prise. Le plus souvent aussi, pour le transport des grands fardeaux qu'exigent ces constructions et qui seraient au-dessus de la puissance de l'bomme, on a recours à des machines ' qui doublent les forces et les moyens (d'opérer) : tels sont les treuils^ et autres engins de ce genre.

Bien des personnes qui voient les monuments et les grands édi- lices élevés par les anciens peuples, par exemple i'Eïoaan Kisra^, les pyramides d'Egypte, les voûtes de la Malga* et celles de Cherchel, dans le Maghreb, s'imaginent que ces constructions sont dues aux seu- les forces naturelles de certains hommes qui y avaient travaillé, soit isolément, soit réunis en bandes : en conséquence, elles supposent que la taille de ces hommes répondait à la grandeur de ces ouvrages, et qu'ils étaient bien supérieurs en hauteur, en largeur et en grosseur, à ceux d'aujourd'hui; et cela, pour qu'il y ait quelque proportion entre les corps de ces hommes et les forces qui avaient produit de tels édifices. Mais, dans ce (faux calcul), on ne tient aucun compte du secours de la mécanique , du treuil . et d'autres machines dont l'emploi, en pareil cas, est exigé par l'art de l'ingénieur. Cependant

' Nos dictionnaires assignent au mot ' Le texte imprimé porte JUî.*, mais »ljkÂ* la signilication de symétrie, mais il la vraie leçon me paraît être JUûyo (nu- est employé par noire auteur pour dési- Ichal) , une altération du aiol f^vx.'^^V- gner une machine quelconque. Dans son ' Pour la descriplion du portique de Hist. des Berbers. texte arabe, page Cvr , Chosroès (Eîouati Kisra], dont les ruines avant- dernière ligne, il se sert du terme se voient encore à Medaïn, on peut con- iaijJt *I<>À* «machine à naplile» pour sulter le Voyage en Perse de Marier. désigner une pièce de canon. On sait que * La Muallaca « suspendue, » ou, selon les Arabes employèrent pendant quelque la prononciation actuelle, la Malga, est un temps le mot iiij pour désigner la poudre village bâti sur les voûtes qui recouvrent à canon. les anciennes citernes de Carihage.

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