Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/343

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autres substances minérales ^ et métalliques. La civilisation les tire de la terre par le travail de l’homme, et tantôt en augmente, tantôt en diminue l’abondance. La quantité qui en existe entre les mains des hommes passe des uns aux autres par transport ou par voie d’héritage. Souvent elle passe de pays en pays, de royaume en royaume, par le commerce d’échange et pour satisfaire aux demandes de la civilisation. Si les richesses ont diminué dans le Maghreb et dans l’Ifrîkiya, elles n’ont pas diminué dans le pays des Slavons et des Francs. Si leur quantité est devenue moindre en Egypte et en Syrie, p. 286. elle n’a point éprouvé de diminution dans l’Inde et la Chine. (Les métaux) ne sont que des instruments au moyen desquels on acquiert (ce dont on a besoin), et c’est la civilisation qui en cause l’abondance ou la diminution. Outre cela, les métaux sont exposés à se détériorer et à s’user, comme tout ce qui existe. Les pierres fines et les perles se gâtent plus tôt que beaucoup d’autres substances. De même aussi l’or, l’argent, le cuivre, le fer, le plomb, l’étain, sont exposés à des causes de destruction qui les anéantissent dans un très-petit laps de temps.

Ce qui donne lieu , en Egypte, à la recherche des trésors et des dépôts enfouis, c’est que ce pays a été pendant deux mille ans ou plus sous la domination des Coptes (les anciens Egyptiens), peuple qui ensevelissait ses morts avec ce qu’ils possédaient d’or, d’argent, de pierres précieuses et de perles, suivant l’usage des anciennes nations. Quand l’empire des Coptes fut détruit et que les Perses furent devenus maîtres de ce pays, ils ouvrirent les sépultures pour chercher ces richesses ^, et ils en retirèrent des trésors immenses; ils en trouvèrent dans les pyramides, qui étaient les tombeaux des rois, et dans les autres sépultures. Les Grecs, après les Perses, en usèrent de même.

’ Notre auteur emploie ailleurs l’expression *-ooj«j>^lic , ce qui montre que la seconde lettre du mot cykUc est redoublée. Ces deux formes de pluriel ont pour singulier -X’ig. , mot qui signifie » drogue , • soit minérale, soit végétale. Les lexicographes ne lui reconnaissent que cette dernière signification, mais M. de Sacy a mieux compris le sens de ce mot.

’ La bonne leçon est Uy^^- Elle se trouve dans le manuscrit D et dans l’édition de Boulac.