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D'IBN RHALDOUN. 365

Les Arabes sont le peuple du monde qui a le moins de disposition pour les arts.

La cause de cela est le grand attachement des Arabes pour la vie nomade et leur aversion pour la vie sédentaire et pour les arts et les usages que celle-ci fait naître. Les peuples étrangers qui habitent l'Orient et les nations de la chrétienté qui occupent le bord (sep- tentrional) de la mer Romaine (la Méditerranée) sont, au contraire, les races qui s'appliquent aux arts avec le plus d'empressement, puisqu'elles sont profondément engagées dans la civilisation de la vie sé- dentaire et n'ont rien qui puisse les disposer à la vie nomade. Cela est tellement vrai que les chameaux, au moyen desquels les Arabes peuvent mener dans les déserts une existence sauvage et se faire à toutes les habitudes de la vie nomade, manquent complètement chez ces peuples. On n'y trouve même pas de ces lieux qui olVrent des pâ- turages propres aux chameaux, et' de ces régions sablonneuses qui conviennent le mieux à ces animaux quand ils font leurs petits.

La pratique des arts est en général très-limitée dans le pays dont les Arabes sont originaires et dans les contrées dont ils se sont em- parés depuis la promulgation de l'islamisme. C'en est au point qu'ils sont obligés de tirer de l'étranger beaucoup de choses dont ils ont besoin. Voyez, au contraire, combien les arts sont florissants dans les pays habites par les Chinois, les Indiens, les Turcs et les chré- tiens, et comme les autres peuples en tirent des marchandises et des denrées.

Les Berbers, peuple non arabe qui habite I2 Maghreb, peuvent être mis sur la même ligne que les Arabes, parce q^u'ils se sont habi- tués, depuis des siècles, à la vie nomade; cela se voit, même au p. Si/.. petit nombre de leurs villes; aussi les arts sont-ils peu répandus dans le Maghreb, à l'exception, toutefois, du tissage des laines, de l'art du corroyeur et de celui du tanneur. On y a porté ces arts à un haut degré de perfection, parce qu'ils étaient devenus indispensables aussi- tôt que plusieurs tribus berbères eurent pris le parti de s'établir à demeure fixe, et parce que la laine et le cuir sont les produits

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