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364 PROLÉGOMÈNES

à rallention du lecteur ', à savoir que c'est le gouvernement (surtout), qui encourage les arts et qui pousse à leur amélioration : c'est lui qui les fait prospérer et rechercher. Si le gouvernement ne les encoura- geait pas et laissait ce soin aux habitants de la ville, ce que ceux-ci pourraient y faire serait peu considérable. Le gouvernement est le grand marché ^ où toute chose se débite et où ce qui est rare se place aussi facilement que ce qui est abondant. Les arts, qui sont de bon débit dans ce marché, sont nécessairement très-cultivés. Le peuple re- cherche bien (les produits de) certains arts, mais pas d'une manière complète'; aussi les encouragements qu'il leur donne demeurent sans résultat utile. Dieu fait ce (jiiil veut.

La décadence d'une ville entraîne celle des arls qu'on y cultive.

Cela résuite de ce que nous avons déjà énoncé , savoir, que l'amé- lioration des arts dépend de leur nécessité et de l'encouragement qu'on leur donne; aussi, quand une ville tombe en décadence et touche à la décrépitude, par suite de la ruine de sa prospérité et du décroisse- ment de sa population , le luxe y diininue et les habitants reprennent leur ancien usage de se borner au strict nécessaire. Le nombre des arts, dont l'introduction fut une des conséquences du luxe, diminue P. 3i3. graduellement, car ceux qui les exercent, n'y trouvant plus un moyen de vivre, s'engagent bien vite dans d'autres occupations, ou bien ils meurent et ne laissent pas d'élèves pour les remplacer.

Les arts finissent ainsi par disparaître sans laisser une trace de leur existence, et, avec eux, disparaissent les décorateurs, les orfèvres, les libraires, les copistes de livres et les autres individus qui exercent des arts réclamés par les besoins du luxe. A mesure que la prospérité d'une ville décroît, la pratique des arts y décroît aussi, et quand cette prospérité vient à s'anéantir, les arts n'y existent plus. Dieu est le créateur, le savant.

Littéral. « il y a ici un autre secret.» — ^ Voyez la i"parlie, p. 45. — ' Pour ji^A^, lisez i^^'U'.

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