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arts, et qu'ils suivent le progrès de la civilisation; aussi voyons-nous que la plupart des nomades ne savent ni lire ni écrire, et que, si quelques-uns d'entre eux possèdent ces talents, leur écriture est gros- sière et leur lecture très-défectueuse.

Dans les grandes capitales, où la civilisation est portée au plus haut point, l'enseignement de l'écriture est meilleur, plus facile et plus méthodique, parce que la pratique de cet art y est solidement établie'. On nous raconte que, de nos jours, il y a en Egypte des maîtres institués exprès pour enseigner à écrire , qui donnent à l'élève certains principes et certaines règles pour la formation de chaque P. 3.Î9. lettre, et qui l'exercent ensuite à la pratique de l'enseignement. Ce moyen , en fortifiant le talent de l'élève et en le rendant capable de bien enseigner, lui assure, d'une manière complète, la faculté de bien écrire. C'est un effet de la perfection à laquelle les arts sont parvenus et de l'extension qu'ils ont prise à la suite du progrès de la civilisation et de la grandeur de l'empire.

[Ce n'est pas ainsi qu'on montre à écrire en Espagne et dans le Maghreb^: on n'y apprend pas à former chaque lettre séparément d'après certains principes que le maître enseigne à l'élève ; c'est seu- lement en imitant des mots tout entiers (qui servent de modèles) qu'on apprend à écrire. L'élève tâche d'imiter la forme de ces mots sous l'inspection du maître, et travaille jusqu'à ce qu'il parvienne à bien faire et que ses doigts aient acquis l'habitude de l'art. On dit alors qu'il sait bien écrire.]

L'écriture arabe était parvenue à un haut degré de régularité et de correction sous l'empire des Tobha, à cause du grand progrès que le luxe et la civilisation de la vie sédentaire avaient fait chez eux. C'est cette écriture qu'on nomme Yécriture himyérite. Elle passa des Tohha au peuple de Hîra^, parce que ce royaume était entre les mains des

' Littéral. • parce que la teinture a bien de Boulac et dans les manuscrits B et C. pris. » L'auteur se plaît beaucoup à em- ^ La ville de Hîra , située à environ

ployer cette expression métaphorique. une lieue de Koufa, était le siège de la pe-

' Ce paragraphe manque dans l'édition tite dynastie des phylarques mondérites.

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