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34 PROLEGOMENES

leur suite la pauvreté, la honte et riiumiliation; cela arrive surtout quand les personnes qui contractent ces vices appartiennent à la classe des secrétaires et des gens de lettres. Toutes les affaires ont entre elles certaines analogies à l'aide desquelles un administrateur saura tou- jours se diriger; aussi, quand il vous en survient une, commencez par prendre les mesures que l'expérience vous aura enseignées; adoptez ensuite la marche la plus simple et la plus sûre, celle qui doit avoir le meilleur résultat. Sachez que la prodigalité a des suites bien nuisibles pour celui qui s'y abandonne; elle le préoccupe tant qu'il néglige de tirer parti de ses connaissances scientifiques et litté- raires. Quand, il donne audience, qu'il se borne, dans ses paroles, à ce qui est essentiel; qu'il vise à la concision dans ses questions et dans ses réponses, et qu'il tâche de réunir^ en un seul faisceau tous les renseignements qui peuvent l'éclairer. De cette manière, il fera marcher les affaires et se garantira contre la fatigue d'esprit que leur multiplicité pourrait lui causer. Nous lui recommandons de s'humi- lier devant Dieu afin d'obtenir le don de sa grâce et le secours dont il a besoin afin de suivre le droit chemin. Qu'il fasse cela par crainte de tomber dans les fautes qui nuisent à la santé, à l'intelligence et aux fruits d'une bonne éducation. Si quelqu'un parmi vous croit ou dit que son succès dans l'exercice de son art et l'efficacité de ses mesures proviennent de sa grande habileté dans les affaires, il s'expo- sera à se voir abandonné de Dieu et laissé à ses propres ressources. Or il est évident, pour quiconque veut réfléchir, qu'elles ne lui sulïi- ront pas. Que personne d'entre vous ne dise qu'il est plus habile dans la direction des affaires, plus capable de supporter le poids d'une administration qu'un tel de ses confrères dans le même art, P. 3o. de ses collègues dans le même service; aux yeux des sages, le plus intelligent des deux est celui qui répudie l'amour-prcpre et qui se croit inférieur à son collègue en adresse et en talents. Nous dirons à l'un et à l'autre : reconnaissez hautement les bontés de Dieu;

■ Pour iX^yJ, lisez (j>i^UJ.

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