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D'IBN KHALDOUN. 415

Cela rentre, en effet, dans la catégorie que nous venons de désigner. En second lieu, les sons (qui se suivent immédiatement) doivent avoir entre eux un de ces rapports de proportion que nous avons si- gnalés au commencement de ce chapitre. On peut donc passer d'un son à sa moitié, ou à son tiers, ou à telle autre partie, pourvu que cette transition produise un de ces accords dont les hommes versés dans l'art de la musique ont établi et limité le nombre. «Si, pour employer leur expression, les sons ont un rapport mutuel dans leur modalité , ils conviennent à l'oreille et lui font plaisir. »

De ces rapports, les uns sont si simples que beaucoup de personnes s'en aperçoivent naturellement, sans avoir eu besoin de l'enseignement ou de la pratique. Aussi , voyons-nous des individus saisir sur-le- châmp la mesure des vers qu'on récite, celle des danses, etc. Ce talent se désigne vulgairement par le terme midmar [manège). Il existe chez un grand nombre de ceux qui lisent le Coran : en récitant le texte de ce livre, ils donnent à leurs voix des intonations agréables qui res- semblent aux sons des instruments à vent. Leur débit est si beau et les diverses modulations de leurs voix sont si justes qu'on les écoute avec ravissement. Parmi ces rapports, il y en a de composés, qu'il n'est pas donné à tout le monde de saisir et dont les individus qui ne P- ^^7- sont pas assez favorisés par la nature ne sauraient se servir, bien qu'ils sachent comment on les produit. Voilà en quoi consiste la mélodie, sujet que la musique entreprend de traiter, ainsi que nous l'expose- rons après avoir parlé des autres sciences.

L'imam Malek désapprouva l'usage de la mélodie^ dans la lecture du Coran; mais l'imam Chaféi le permit. La mélodie dont il s'agit ici n'est pas celle que la musique enseigne et qui s'apprend comme un art : l'emploi de cette dernière espèce en récitant le Coran est certainement défendu; il n'est pas permis d'avoir le moindre doute

  • à cet égard. En effet, l'art de la musique n'a rien de commun avec le

Coran: pour lire tout haut le texte de ce livre, il faut ménager sa

' Malek n'autorisait que la psalmodie dans la récitation du Coran.

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