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D’IBN KHALDOUN.

SIXIÈME SECTION.

des sciences et de leurs diverses espèces ; de l’enseignement, de ses méthodes et procédés[1] et de tout ce qui s’y rattache. — cette section commence par une introduction et renferme (plusieurs chapitres) accessoires.




L’introduction[2] traite de la réflexion, faculté qui distingue l’homme des autres animaux, qui le porte à travailler pour sa subsistance avec le concours de ses semblables, qui dirige son attention vers l’Être.P. 364.
  1. Après طرفة, ajoutez وساير وجوهه, leçon offerte par les manuscrits C et D et par l’édition de Boulac.
  2. Cette courte introduction et les six chapitres qui la suivent se trouvent dans les manuscrits A et B, et dans la traduction turque de Djevdet Éfendi. Ils remplacent un seul chapitre qui se lit dans les manuscrits C et D, et dans l’édition de Boulac, et dont M. Quatremère a reproduit le texte dans l’appendice de cette partie. Je donne ici la traduction de ce chapitre, qui appartient évidemment à la rédaction primitive :
    « L’existence des sciences et de l’enseignement dans l’état civilisé est un fait conforme à la nature.
    « L’homme possède en commun, avec les autres animaux, les facultés des sens, du mouvement et de la nutrition; comme eux aussi il a besoin d’un abri, etc. Il se distingue d’eux par la réflexion, faculté qui le conduit à trouver les moyens de vivre, et à se les procurer avec le concours de ses semblables. Elle le porte aussi vers la vie sociale, état qui dispose les hommes à s’entr’aider, à accepter ce que les prophètes leur annoncent de la part de Dieu, à s’y conformer dans leurs actions et à travailler pour leur salut dans l’autre vie. L’homme réfléchit toujours à ces matières ; il ne discontinue pas d’y penser, même pendant un temps aussi court que celui d’un clin d’oeil ; que dis-je ? même pour un instant aussi rapide que la pensée qui traverse l’esprit, et qui est encore plus prompt que le regard. C’est de la réflexion que proviennent les sciences et ceux d’entre les arts dont nous avons déjà parlé. C’est à cause d’elle et de la disposition innée qui porte les hommes et même les autres animaux à rechercher ce que leur naturel exige, que l’homme (je lis الانسان, à la place de النڪر) désire se procurer les perceptions (notions) qu’il n’a pas encore acquises. Aussi s’adresse-t-il à celui qui le surpasse en savoir, en connaissances ou en perceptivité ; ou bien il accepte ces notions d’une personne qu’il rencontre, et qui les aura reçues (par la voie de la tradition) des prophètes qui ont vécu avant lui. Il apprend ces renseignements, et s’empresse de les recueillir et de les connaître. Ensuite il dirige sa réflexion et sa faculté spéculative vers une vérité (une chose réelle) quelconque, et examine, un à un,
Prolégomènes. — ii.
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