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36 PROLÉGOMÈNES

p. 3i. contraindre l'inculpé à faire des aveux. On désigne" par le titre de saheb es-chovla le fonctionnaire qui , dans le cas d'abfitention de la part du cadi , se charge d'instruire les procès et d'appliquer les peines. Quelquefois on a enlevé au cadi le droit de connaître des meurtres et d'appliquer les peines établies par la loi, pour l'attribuer exclusive- ment au saheb es-chorta Les gouvernements d'autrefois entouraient cette charge d'une haute considération, et ne la confiaient qu'à un des grands chefs militaires ou bien à un des principaux affranchis du sultan. L'autorité du saheb es-chorta ne s'étendait pas sur toutes les classes de la population; elle se bornait à infliger des châtiments aux gens du peuple, aux individus mal famés et aux mauvais sujets.

Dans l'empire des Oméiades espagnols, cette charge acquit une haute importance, et forma deux administrations distinctes : la grande chorta et la petite chorta. L'autorité de la première s'étendait égale- ment sur les grands et les petits; celui qui l'exerçait avait le pouvoir de châtier même les fonctionnaires publics qui opprimaient le peuple, ainsi que leurs parents et les personnages qui les protégeaient. La petite chorta n'avait d'autorité que sur la populace. Le chef de la grande chorta siégeait à la porte du palais impérial , ayant devant lui plu- sieurs satellites qui se tenaient assis et ne quittaient leurs places que pour exécuter ses ordres. Comme les fonctions de cet office devaient être exercées par un des grands de l'empire, elles passèrent ordi- nairement dans les attributions du vizir ou du hadjeb (grand cham- bellan).

Dans f empire almohade ' du Maghreb, le chef de la chorta ne jouissait que d'une autorité limitée : sa juridiction ne s'étendait pas sur toutes les classes de la société, et encore moins sur les fonction- naires publics. Cette charge ne se confiait d'abord qu'à un Almohade de haut rang; mais, de nos jours, elle a perdu toute sa considération,

' L'auteur veut parler de l'empire haf- ([u'après s'êlre détachés de l'empire aimo-

side. On sait que les souverains de cette hade, dont ils avaient conservé les institu-

dynastie et tous leurs grands officiers ap- lions religieuses et politiques, ils fondè-

partenaient à des familles almohades, et renl un nouvel empire dans la Tunisie.

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