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D'IBN KHALDOUN. 441

modernes dans l'enseignement, soit de la théologie scholastique, soit des principes fondamentaux de la jurisprudence, soit encore de la grammaire arabe ou du droit. Il en est de même de toutes les bran- ches de connaissances que l'on entreprend^ d'étudier : chaque maître se sert d'une terminologie différente. Cela montre que les diverses terminologies employées dans l'instruction forment autant d'arts, bien que la science en elle-même soit unique.

Ces principes établis, je dirai que la bonne tradition en ce qui regarde la pratique de l'enseignement ^ a presque disparu de nos jours chez les peuples de l'Occident; résultat amené par la dépopu- lation de ce pays, par la ruine des dynasties qui y avaient régné, et par une conséquence nécessaire de cet état de choses, à savoir la perte totale des arts qui y avaient fleuri. Nous avons montré ailleurs que cette conséquence est inévitable '. A l'époque où Cairouan et Cor- doue étaient les métropoles du Magbreb et de l'Espagne, la civili- sation y avait fait beaucoup de progrès, les sciences et les arts y trouvaient de grands encovuagements et formaient un océan rempli jusqu'aux bords. Une longue suite de siècles et les habitudes de la vie sédentaire qui prédominaient dans ces villes permirent à l'en- seignement d'y pousser de profondes racines. Mais la décadence de ces capitales amena la ruine presque totale de l'enseignement dans les pays de l'Occident.

Dans la première période delà dynastie des Almohades, l'art d'en- seigner avait disparu, excepté à Maroc, où l'on en possédait encore quelques principes que l'on avait reçus * des deux villes déjà nom- rnées. Mais la civilisation de la vie sédentaire n'eut pas la force de s'établir à Maroc, parce que l'empire almohade, dans les premiers temps de son existence, était celui d'un peuple imbu des habitudes de la vie nomade, et parce que son commencement fut bientôt suivi

' Pour jr'-"?!, lisez *^j^- ' Le texte porte simplement : < comme

' Pour i*j| tv-", je lis ijJî |<y^' 0-i^, cela a été déjà mentionné. » (Voy. ci-de-

avec le traducteur turc et l'éditeur de l'é- vant, p. 264.) dition de Boulac. ' Pour .llxv»..», Usez OUa-^.

, Prolégomënes. — ii. 56

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