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PROLÉGOMÈNES

est spéciale au royaume de Maghreb et (à celui) de i’ifrîkiya. En voici la raison : les pays que nous venons de nommer sont situés sur le bord méridional de la mer Romaine. Du côté du sud, cette mer, depuis Ceuta jusqu’à Alexandrie et à la Syrie, confine à des contrées occupées par les Berbers ; du côté du nord, elle a pour li- mites l’Espagne, le pays des Francs, celui des Esclavons , celui des Grecs et une partie de la Syrie. On la nomme la mer Romaine et la mer Syrienne, k cause des nations qui occupaient ses bords. De tous les peuples qui habitent les rivages de la mer, ceux qui se trouvent P. 33. sur les deux bords de la mer Romaine supportent avec le plus de courage les fatigues de la vie maritime.

Les Romains, les Francs et les Goths demeuraient autrefois sur le bord septentrional de cette mer, et comme leurs guerres, ainsi que leurs expéditions commerciales, se faisaient principalement au moyen de. navires, ils étaient devenus très-habiles dans l’art de naviguer et de combattre avec des flottes. Quelques-unes de ces nations visèrent à la possession des côtes méridionales de cette mer : les Romains portèrent leurs vues sur l’Ifrîkiya ; les Goths convoitèrent le Maghreb, et les deux peuples se transportèrent dans ces contrées au moyen de leurs flottes et s’en rendirent maîtres, après avoir vaincu les Berbers et enlevé à ce peuple toute l’autorité, llsy possédèrent des villes très- peuplées, telles que Carthage, Sbaïtla (Suffetala), Djeloula (Oppidum Usalitanam), Mornac, Cherchel (Cæsarea) et Tanger. Avant cela le souverain de Carthage avait fait la guerre à celui de Rome, et envoyé contre lui des flottes bien approvisionnées et remplies de troupes. On sait que, depuis les temps les plus anciens, telle a été l’habitude des peuples qui occupent les deux bords de la mer Romaine.

Lorsque les armées musulmanes se furent emparées de l’Egypte,

Pour L^ji^ ^-j^, lisez U»^ L/ùJ.

Le canton appelé Mornakiya est situé à quatorze kilomètres sud-ouest de Tunis. Il y a un Bahîra Mornac « jardin potager du Mornac » immédiatement au sud de Radès, village qui est à six kilomètres est de Tunis. (Voy. la Description de l’Afrique septentrionale, par El-Bekri, p. 92 du tirage à part, et la dernière carte de la Tunisie.)