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D'IBN RHALDOUN. 39

(le khalife) Omar Ibn el-Kbatlab écrivit à (son général) Amr Ibn el- Aci pour savoir ce que c'était que la mer ^ Amr lui répondit par écrit et en ces termes : « C'est un être immense qui porte sur son dos des êtres bien faibles, des vers entassés sur des morceaux de bois. <• (Frappé de cette description) Omar défendit aux musulmans de se" hasarder sur cet élément, et ayant appris qu'Arfadja Ibn Herthema el-Azdi, chef de la tribu de Bedjîla, qu'il avait envoyé contre la pro- vince d'Oman, venait de faire une expédition sur mer malgré ses ordres, il le réprimanda de la manière la plus dure. Cette prohibition subsista jusqu'à l'avénement de Moaouïa. Ce khalife autorisa les mu- sulmans à s'embarquer pour faire la guerre sainle sur mer.

Nous allons indiquer la cause de ce changement dans la politique P. a. des khalifes. Au commencement de l'islamisme, les Arabes étaient encore trop imbus des habitudes de la vie nomade pour devenir des marins aussi habiles et aussi entreprenants que les Grecs et les Francs, peuples qui, accoutumés à lutter contre la mer et à vivre dans des navires qui les transportaient de pays en pays, s'étaient faits à ce genre de vie et avaient l'habitude d'en affronter les dangers. Les Arabes, ayant acquis une vaste puissance par la fondation de leur empire , avaient réduit sous leur domination et asservi une foule de peuples étrangers. Voyant alors que chacun des vaincus qui savait un art cherchait à s'en faire un mérite auprès d'eux , ils prirent à leur service un grand nombre de matelots pour les besoins de la ma- rine. Ayant alors affronté la mer à plusieurs reprises, et s'étant habi- tués à lutter contre elle, ils changèrent d'opinion à l'égard de cet élé- ment. Souhaitant avec ardeur le bonheur d'y porter la guerre sainte, ils construisirent des navires et des galères, équipèrent des vaisseaux, les armèrent el les remplirent de troupes dans le but de combattre les peuples infidèles d'outre-mer. (Pour étabhr leurs chantiers), ils choi- sirent les provinces les plus voisines de la mer et les places fortes qui étaient situées sur ses bords. Ces provinces étaient la Syrie, Tifrî-

' Je crois que celle anecdote est fausse, car Omar avait sans doule vu la mer Rouge.

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