Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/72

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devant lui), et qu'il inscrit sur les expéditions des jugements pour les rendre exécutoires. C'est d'après la même analogie que l'on donne le nom de sceau à Yalama du sultan ou du khalife. Quand Er-Rechîd voulut ôter le vizirat à El-Fadl (le Barmekide) pour le donner à Djâ- fer \ frère de celui-ci, il dit à leur père Yahya : » Mon père^, je veux faire passer le sceau de ma (main) droite à ma (main) gauche. » Il employa le mot sceau pour désigner le vizirat, parce que le droit d'apposer Yalama sur les dépêches et les actes officiels apparte- nait alors au vizir. Pour justifier cet emploi du mot sceau, nous cite- rons l'anecdote suivante, rapportée par Taberi (l'historien) : lors des conférences qui eurent lieu entre Moaouïa et El-Hacen (fils d'Ali), p. 56. dans le but de mettre fin à la guerre civile, le premier envoya son blanc-seing à El-Hacen avec un billet ainsi conçu : « Sur la feuille ci- jointe, au bas de laquelle se trouve mon sceau, écrivez telles condi- tions que vous voudrez : je les accorderai toutes. » Ici le mot sceau désigne ïalama tracé au bas de la page avec le calam ou autrement. On peut aussi, lorsqu'on prend l'empreinte d'un cachet sur une substance molle, se servir du cachet pour le poser à l'endroit de l'at- tache^ des replis d'une lettre, ou sur les dépôts (où l'on met des choses pour les conserver) ; dans ce cas le mot khatem prend le sens de boucher, ainsi que nous l'avons indiqué plus haut. Dans les deux cas (celui des lettres closes et celui de dépôts), c'est l'empreinte du cachet qui forme le sceau. Moaouïa fut le premier qui institua l'usage de sceller les écrits, c'est-à-dire d'y mettre une alama. Il avait donné à Amr Ibn ez-Zobeïr un mandat sur Zîad (son lieutenant) à Koufa, pour la somme de cent mille (pièces d'argent). Amr ouvrit la lettre, changea le mot cent [mïèt) en deux cents (^mïèteïn, et toucha le mon- tant). Moaouïa, quand il revit les comptes de Zîad, déclara qu'il n'a- vait pas ordonnancé cette somme. Amr fut arrêté et resta en prison jusqu'à ce que son frèi'e, Abd-AUah Ibn ez-Zobeïr, payât pour lui. Ce

' Pour J(X.*JwJ jt wfl»:^, lisez L».,i» > ^ Pour /.y^, lisez ^j^. Dans la note 4

JtV«ou>j^. de la page suivante, je reviendrai sur le

' Voy. la première partie, p. a8. changemenl de celle leçon.

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