Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Iti PROLEGOMENES

P. 6i. mais à l'époque où l'on tenait ces princes en tutelle, celui qui avait usurpé l'autorité faisait ordinairement mettre son nom dans le prône à la suite de celui du khalife. Cette pratique disparut avec les dynas- ties sous lesquelles on l'avait introduite, et, dès lors, on se borna à faire la prière pour le souverain, à l'exclusion de tout autre, afin de décourager ceux qui aspiraient à partager cet honneur avec lui. Tant qu'une dynastie' conserve les habitudes, la rudesse et l'insou- ciance de la vie nomade, ceux qui l'ont fondée négligent ordinaire- ment cet usage et se bornent à prier d'une manière vague ^ et générale pour celui qui est chargé des affaires des masalmans. On appelait cela la formule abbacide, pour donner à entendre que la prière se faisait pour le khalife abbacide, bien qu'il n'y fût désigné que d'une ma- nière indirecte, à l'imitation de ce qui se pratiquait dans les temps anciens; mais on ne se souciait pas de désigner (le souverain) dans la prière ou d'y insérer son nom. Abou Zekeriya Yahya le hafside, ayant vaincu Yaghmoracen Ibn Zîan, fondateur de la dynastie des Béni Abd el-Ouad, lui enleva la ville de TIemcen ^; puis il se décida à le réintégrer dans ses Etats, moyennant l'exécution de certaines condi- tions, dont l'une était que, dans toutes les provinces du pays conquis, le nom du vainqueur serait prononcé dans le prône. Yaghmoracen lit alors, dit-on, cette réponse. « Ces tréteaux sont à eux*; qu'ils y montent et qu'ils nomment celui qu'ils veulent. » Yacoub Ibn Abd- el-Hacc, fondateur de l'empire mérinide, agissait de la même ma- nière : ayant appris qu'un ambas.sadeur, envoyé à sa cour par le khalife El-Mostancer, troisième souverain hafside de Tunis, s'était abstenu plusieurs fois d'assister à la prière publique du vendredi, parce qu'on ne prononçait pas le nom de son souverain dans le prône, il autorisa

P. 65. le prédicateur à en faire mention. Ce fut là une des causes qui ame-

' Pour (j jjyJo, lisez jj iiJjoJ' o_j^'. nionuscrit A. Il est remplacé par cïUj' clans

^ Pour «L.y_).5fî, lisez «L^iff. l'édition de Boulac. Celle dernière leçon

' Voyez VHistoire des Berbers, t. II, me parait être la bonne,

j). 3i5 et t. m , p. 3^2 et suiv. ' Dans le texte arabe, il faut lire : ^

' Le mot s.^ > ne se trouve pas dans le s-à_^ i *.i J^^ïi ***i! .iyg~.

�� �