Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/129

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DIBN KHALDOUN.

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��fait connaître par son mérite et par son zèle à suivre (tes bons exemples peut laisser échapper de ces expressions; mais,) en pareil cas, on doit dire que ses intentions étaient bonnes. (11 faut aussi se rappeler) combien il est difficile de parler êiextases, puisqu'il n'existe pas de termes faits exprès pour les dépeindre. Voyez l'em- barras d'Abou Yezîd el-Baslauii ' et de ses confrères ( quand ils essayaient d'exprimer leurs sensations). Le Soufi dont le mérite n'est pas généralement connu est digne de blâme s'il laisse échapper des expressions de cette nature, car nous ne possédons pas assez de renseignements sur son compte pour pouvoir donner à ses paroles une interprétation favorable. Le Souli qui se sert de telles expressions pendant qu'il a l'esprit présent dans le monde des sens et qu'il n'est plus sous l'influence d'un de ses étals extatiques, mérite aussi d'être blâmé. i

Ce fut probablement pour cette raison que les légistes et les chefs de Tordre des Soufis^ autorisèrent, par une décision juridique, l'ap- plication de la peine de mort à El-Halladj, (illuminé) qui s'élait per- mis des expressions (insolites)' pendant qu'il avait l'esprit présent et qu'il était parfaitement maître de lui-même.

Les anciens SouGs, ceux dont les noms figurent dans la lUçata (d'El- Cocheïri), ces fanaux de la foi, dont nous avons déjà parlé, ne recher- chaient jamais le dégagement des voiles (des sens) ni aucune autre perception de ce genre. Leur seule pensée était de suivre les bons exemples et de s'y conformer autant que cela leur était possible. Celui d'entre eux à qui (une de ces manifestations "surnaturelles) ar- rivait, s'en détournait aussitôt et n'y faisait plus attention. A vrai dire ,

��' Soufi célèbre qui mourut en 261 (874-875 de J. C). Ibn KhuHikan lui a consacré un article dans son diclioiinaire biographique. (Voy. ma traduction de cet ouvrage, vol. I, p. 66a.)

' Les manuscrits C el D et l'édition de Doulac portent JLJ^.<i-X_l I , à la place de

Proicgomènes. ^- m.

��' Ki-Halladj fut mis à mort l'an Sog (gaa de J. C). Une de ses paroles était: Je suis la vérité, c'est-à-dire , je suis Dieu. Il disait aussi: Quand tu me vois, tu te vois, et quand ta le vois, tu nous vois. On trouvera l'iiisloire de son procès dans la traduction d'Ibn Khallikan, volume I. p. 4a3.

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