Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

livre est très-difficile pour les commençants à cause de la rigueur et de l’enchaînement des démonstrations qu’il renferme. C’est un ouvrage très-estimé; j’ai vu nos professeurs en faire beaucoup de cas, et en effet il en est digne. L’auteur y a exposé simultanément le contenu de deux traités dont l’un , composé par Ibn Monaëm \ s’appelle Fikh el-Hisab (les lois du calcul) et dont l’autre, intitulé El-Kamel (le complet) a pour auteur El-Ahdeb. Il résuma les démonstrations de ces P. 97. deux ouvrages, et changea les lettres (ou signes) conventionnelles qui s’employaient dans ces (démonstrations), en y substituant des indications significatives et claires; exposant ainsi le secret et l’essence du procédé par lequel on désigne (les théorèmes du calcul) au moyen des signes^. Toute cette matière est fort obscure, mais la difficulté ne provient que des démonstrations, particularité propre aux sciences mathématiques ; car, bien que leurs problèmes et leurs opérations soient faciles à comprendre, il en est autrement quand il s’agit de les expliquer, c’est-à-dire de donner les raisons de ces opérations; c’est là que l’entendement rencontre des difficultés qu’il ne trouve pas dans la résolution des problèmes. Ce que nous venons de dire mérite l’attention du lecteur. Dieu guide par sa lumière celui qu’il veut.

’ El-Kifli a donné un court article sur Mohammed Ibn Eîça Ibn el-Monaëm dans son dictionnaire biographique, mais il n’y indique pas l’époque où il vivait.

’ M. Wœpcke nous apprend {Journal asiat. d’oct. nov. i8d4, p. 365, note 1) que le terme $$$$ s’emploie par les algébristes arabes pour signifier signes de notation. Dans sa traduction du passage d’Ibn Khaldoun (ibid. p. Sya), il a suivi le texte des deux manuscrits de Leyde, texte qui diffère en deux points de celui des manuscrits de Paris et des deux éditions imprimées. Ainsi, les manuscrits de Leyde portent ,^-0 Uy^c. , à la place de ^ ^y^} , et ^ J»^ , à la place de j»

y. Cette dernière variante est peu importante, mais la première change complétement le sens de la phrase, sans toutefois, le rendre plus clair. J’ai traduit comme si Ibn Khaldoun avait écrit ^ UJ^. , el je crois avoir exprimé la pensée de l’auteur. En ce cas , il faut admettre qu’Ibn Monaëm el el-Ahdeb avaient employé des signes de notation algébrique dans leurs ouvrages, et qu’Ibn ei-Benna remplaça ces signes par les termes et expressions qu’ils servaient à représenter, el rendit ainsi son ouvrage plus intelligible. M. Flùgcl a lu et entendu ce passage comme moi. (Voy, son édition du Dictionnaire bibliographique de Haddji Khalifa, t. V, p. 74.)