Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/19

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DIBN KHALDOUN. 3

on voyait rarement chez les Arabes, peuple très-ignorant, un Iiouinie capable de lire.

Cet état de choses dura pendant les premiers temps de l'islamisme; mais lorsque les villes fondées par les musulmans furent devenues très-grandes et que l'ignorance des Arabes eut disparu par suite de leur application à l'étude du livre (saint), la pratique de la déduction analogique s'y établit d'une manière solide, et la jurisprudence, de- venue maintenant plus complète, prit la forme d'un art (qu'on prati- quait), d'une science (qu'on enseignait). Dès lors on remplaça le titre de lecteur par celui de jurisconsulte [fakîh) ou par celui de savant {ulemâ).

A partir de cette époque, la jurisprudence se partagea en deux voies (ou systèmes), dont l'une était celle des docteurs qui décidaient d'après leur propre jugement et au moyen de la déduction analo- gique '. Ceux-ci habitaient l'Irac. La seconde voie était celle des tra- ditionnistcs, habitants du Hidjaz. Les docteurs de l'Irac, ne possé- dant que peu de traditions, ainsi que nous l'avons indiqué ailleurs, P. 3. firent un grand usage de la déduction analogique et y devinrent très- habiles ; aussi les nomma-t-on les gens de l'opinion. Le chef de cette école, l'imam qui l'avait fondée grâce à son influence personnelle et aux cflbrts de ses disciples , fut Abou Hanîfa. Les docteurs du Hidjaz eurent d'abord pour chef l'imam Malek Ibn Anes et ensuite l'imam Es-Chafèi.

Plus tard, un certain nombre de docteurs condamnèrent l'emploi de la déduction analogique et en abandonnèrent l'usage. Ce furent ceux qu'on désigna par le nom de Dliaherites ^. A leur avis, les sources où l'on devait puiser les articles de droit se bornaient aux textes (du

��' Littéral. « celle des gens de l'opinion légorique. Ces derniers , appelés aussi h-

et de l'analogie. • mailiens, formaient une de» branches les

  • Les Dliaherites [exlérienrisles) s'en le- plus avancées de la secte chiite et finirent

naient à la signification littérale des textes par rejeter toutes les prescriptions posi-

sacrés, tandis que les Bateniles (intériea- tives de l'islamisme, dont ils avaient com-

ristes) donnaient à ces textes un sens al- mencé par affaiblir les dogmes.

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