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4 PROLÉGOMÈNES

Coran et de ia Sonna) et au consentement général (des anciens mu- sulmans). Ils rattachaient directement à un texte (sacré) les résultats les plus évidents de la déduction analytique, ainsi que les motifs (des décisions) fondés sur des textes'; « car, disaient-ils, énoncer le motif, c'est énoncer le jugement (ou conclusion) dans tous les cas ^. » Les chefs de cette école furent Dawoud Ibn Ali ^, son fils et ses disciples. Tels furent les trois systèmes de jurisprudence qui prévalaient alors chez les musulmans.

Les gens de la maison (les descendants de Mohammed et leurs par- tisans, les Chiites) eurent un système à eux, une école de jurispru- dence qui leur fut particulière. Leurs doctrines se fondaient sur les principes suivants, savoir, que plusieurs d'entre les Compagnons étaient des réprouvés et que les imams (de la secte chîïte) étaient non-seulement incapables de pécher, mais de dire une parole dont on pourrait contester l'exactitude. Ces bases (comme on le voit) sont très-faibles.

Les Kharedjites eurent aussi leur système; mais la grande majorité du peuple musulman ne s'en occupa que pour le repousser et le con- damner. On ne sait plus rien de leurs doctrines particulières *, on n'étudie plus leurs livres, on ne trouve plus aucune trace de leurs

��' Littéral. • ils rapportaient au texte l'a- nalogie évidente et le motif textuel. *

' Ce passage , bien que très-obscur, tloil .'ignifier, il me semble , que les docteurs de cette école avaient pour principe de toujours rattacher directement à un texte du Coran ou de la Sonna tous leurs juge- ments ou décisions, quand même ils s'é- taient laissé guider par un raisonnement analogique, raisonnement dont ils sup- primaient toute mention dans l'énoncé. (Voyez, du reste, l'ouvrage de Chehres- lani, p. li- du texte arabe, et vol. I, p. ilfi de la traduction allemande de Haarbrùcker. )

��' Abou Soleïman Dawoud Ibn Ali , natif de Koufa et fondateur de l'école des Dha- heriles, professa ses doctrines à Bagdad, oùplusdequatre cents personnes suivaient assidûment ses leçons. II mourut dans celte ville l'an 270 (884 de J. C).

  • Les doctrines professées par les Kha-

redjites (dissidents, non-conformistes) sont maintenant assez bien connues. L'ouvrage de Chehrestani sur les sectes religieuses et les écoles philosophiques renferme un exposé de leurs dogmes; l'Histoire des mu- sulmans d'Espagne , par M. Dozy, nous fait bien connaître le caractère de la secte. (Voy. 1. 1, p. lia et suiv. de cet ouvrage.)

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