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D'IBN KHALDOUN. 175

flueDce par la sevile application de la pensée, sans avoir recours à aucun iustrument ni à aucun secours (extérieur). C'est là ce que les philosophes désignent par le terme magie. Les àraies de la seconde classe agissent au moyen des secours qu'elles tirent du tempérament des sphères célestes et des éléments, ou hien au moyen des pro- priétés des nombres ; cela s'appelle l'art talisman ((fuc; il occupe un degré inférieur à celui de la magie. Les âmes de la troisième classe exercent une influence sur les facultés de l'imagination : l'homme qui possède ce talent s'adresse à l'imagination du spectateur, et, agis- sant sur elle jusqu'à un certain point, lui fournit des idées fantastiques, des images et des formes ayant toutes quelque rapport avec le projet qu'il a en vue. Ensuite il fait descendre ces notions de l'imagination aux organes des sens, et cela au moyen de l'influence que son âme exerce sur ces (organes). Le résultat en est que les spectateurs voient ces formes paraître en dehors d'eux , bien qu'elles n'y soient pas. On raconte qu'un magicien faisait paraître des jardins, des ruisseaux et des kiosques dans un endroit où il n'en existait pas. Les philosophes désignent cette branche de l'art par les noms de prestige et de fan- tasmagorie.

Les qualités distinctives que nous venons d'énumérer existent vir- tuellement chez les magiciens, de même que toute faculté humaine existe virtuellement dans chaque homme; mais, pour les mettre en activité, il faut avoir recours à des exercices préparatoires. Dans P. n?. la magie, ces exercices' se bornent à diriger la pensée vers les sphères, les astres, les mqndes supérieurs et les démons, en leur donnant diverses marques de vénération, d'adoration, de soumission et d'humiliation. Cette direction de l'esprit vers un objet qui n'est pas Dieu, ces marques d'adoration qu'on donne à cet objet, sont des actes d'infidélité. Pratiquer la magie est donc un acte d'infidélité, car l'infidélité est une des matières, un des moyens que cet art met en œuvre.

Pour <U.i.L)^^, lise» *^^.)} avec les manuscrits C et D et l'édition de Bouiac.

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