Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/192

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176" PROLEGOMENES

D'après ce que nous venons d'exposer on comprendra une ques- tion que les casuisles ont souvent agitée : « La peine de mort infligée à un magicien est-elle la conséquence de l'infidélité qui précède l'acte de magie, ou bien de la conduite perverse qu'il a tenue et du mal qui en est résulté pour les êtres? » Car le magicien commet égale- ment ces deux crimes. Une autre question a suscité une diversité d'opinions chez les casuistes, savoir, la réalité de la magie. On sait que cet art, tel que les personnes des deux premières classes l'exercent, a une existence réelle et extrinsèque, tandis que celle de la troisième classe est sans réalité. Or quelques docteurs, ayant regardé aux deux premières classes seulement, ont admis la réalité de la magie; d'autres, n'ayant observé que la troisième classe, ont été d'avis que cet art n'était qu'une illusion. Dans le fond, ils avaient tous raison, puisque la différence de leurs opinions provenait d'un ' malentendu; ils n'avaient pas bien reconnu les caractères distinclifs de chaque classe. Nous assurons le lecteur que les hommes les plus intelligents n'ont jamais eu le moindre doute relativement à l'existence de la magie. Ils ont remarqué les effets qu'elle produit et que nous avons indiqués. D'ailleurs, il en est question dans le Coran (sour. ii, vers. 96), où Dieu parle en ces termes : Mais les démons furent in- fidèles : ils enseignèrent aux hommes la magie et ce gui avait été révélé aux deux anges de Babel, Ilarout et Maroul. Ceux-ci n'instruisent per- sonne sans dire : • Certes, nous sommes ici pour te tenter; ne sois donc pas infidèle. » On apprend d'eux les moyens de mettre la désunion entre P. u8. la femme et son mari, mais ils sont incapables de nuire à personne sans la permission de Dieu. Nous lisons aussi dans le 5a/a7i que le Prophète avait été ensorcelé au point de s'imaginer qu'il faisait ce qu'en réalité il ne faisait pas. Pour le fasciner ainsi on avait mis un charme dans un peigne, dans un flocon de laine et dans une spathe de dattier, et on l'avait caché dans le puits de Derouan (à Médine). Dieu envoya alors au Prophète les deux sourates préservatrices (la cxiii et la cxiv*),

' Je lis JX» ^jA avec les manuscrils C et D et l'édition de Boulac.

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