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186 PROLEGOMENES

assurent notre bien-être en ce monde. Quant aux actes qui ne nous regardent pas sous ces deux rapports, ils peuvent se classer ainsi : P. i36. ceux qui sont plus ou moins nuisibles, la magie, par exemple, qui produit réellement le mal; l'art des talismans, dont les effets sont identiques avec ceux de la magie; et l'astrologie, art dangereux par son caractère parce qu'il enseigne à croire aux influences (des astres) et porte atteinte aux dogmes de la foi en attribuant les événements (de ce monde) à un autre que Dieu. Toutes ces pratiques sont con- damnées par la loi à cause de leur affinité avec le mal. Quant aux actes qui ne nous intéressent pas et qui ne renferment rien de mal, l'homme qui s'en abstient ne s'éloigne pas de la faveur divine : le meilleur témoignage qu'on puisse donner de sa soumission à la vo- lonté de Dieu, c'est de s'abstenir des actes qu'on n'a aucun intérêt à accomplir. La loi a donc rangé la magie, les talismans et les prestiges dans une seule catégorie, à cause du mal qui leur est inhérent; elle les a spécialement défendus et condamnés.

A la manière dont les philosophes prétendent distinguer entre un miracle et un effet de magie, on peut opposer celle des théologiens scolastiques : « Voyez, disent-ils, s'il y a un tahaddi, » c'est-à-dire une déclaration préalable de l'arrivée d'un miracle conforme à ce qu'on annonce'. Ils enseignent aussi l'impossibilité d'un miracle qui vien- drait confirmer un mensonge : « La simple raison, disent-ils, nous in- dique que la qualité essentielle d'un miracle, c'est de confirmer une vérité; si un miracle avait lieu pour appuyer un mensonge, le (prophète) véridique serait changé en menteur; ce qui est absurde. Il faut donc admettre, comme un principe absolu, qu'un miracle ne peut jamais s'opérer pour accréditer un mensonge. »

Nous avons déjà mentionné que les philosophes (musulmans) met- tent entre les miracles et les effets de la magie la même distance qui sépare les deux extrêmes du bien et du mal. Le magicien est donc incapable de produire le bien ou d'employer son art dans une bonne

' Voy. la i" partie, p. 190.

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