Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/203

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D'IBN KHALDOUN. >87i

inlenlion; celui, au contraire, qui fait des miracles n'a pas le pouvoir d'opérer le mal, ni de faire usage des moyens qui puissent le causer. Donc les prophètes et les magiciens se trouvent placés , par leur ca- ractère inné, à deux extrémités opposées, dont l'une est le bien et l'autre le mal.

[Section.) Les effets produits par le mauvais œil se rangent parmi p. 137. les impressions qui résultent de l'iniluence de l'âme. Ils procèdent de l'âme de l'individu doué de la faculté du mauvais œil et ont lieu quand il voit une qualité ou un objet dont l'aspect lui fait plaisir. Son admiration devient si fcfrle qu'elle fait naître chez lui un sentiment d'envie joint au désir d'enlever cette qualité ou cet objet à celui qui le possède. Alors paraissent les effets pernicieux de cette faculté, c'est-à-dire du mauvais œil, faculté innée, qui tient à l'organisation de l'individu. Ces effets diffèrent de tous les autres qui se produisent par l'influence de l'âme : ils dérivent d'une faculté innée qui ne reste pas inerte, qui n'obéit pas à la volonté de celui qui la possède, et qui ne s'acquiert pas. Les autres impressions produites par l'âme dépendent de la volonté de celui qui les opère, bien qu'elles pro- cèdent d'une faculté non acquise (c'est-à-dire innée). La disposition innée (de l'individu) est (donc) capable de produire certaines im- pressions, mais elle n'est pas (toujours) la puissance qui les effectue. Voilà pourquoi l'homme dont le mauvais œil a causé la mort de quel- qu'un n'encourt pas la peine capitale , tandis que celui qui ôte la vie à son semblable par l'emploi de la magie ou des talismans ' est condamné au dernier supplice. En effet, un malheur causé par le mauvais œil ne provient pas de l'intention de l'individu, ni de sa volonté, ni même de sa n^ligence; cet homme est formé par la na- ture'- de manière que ces impressions procèdent de lui (sans le con- cours de sa volonté). Au reste, Dieu le Très-Haut en sait plus que nous.

' Je lis cyLc-»»-^L' avec le manuscrit D. — 'La bonne leçon esl J**^.

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