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6 PROLEGOMENES

par un travail, selon lui, parfaitement consciencieux, et par l'étude des doctrines professées par les chefs de cette secte, il s'écarta des opiniotis enseignées par Dawoud, celui qui en fut le fondateur, et se mit (de plus) en opposition avec la grande majorité des docteurs musulmans. Le public en fut si mécontent qu'il déversa le mépris et la désapprobation sur le système qu'Ibn Hazni avait préconisé, et laissa tomber ses écrits dans un oubli complet. On alla jusqu'au point d'en prohiber la vente dans les bazars, et quelquefois même on les déchira.

Aussi les seules écoles qui restèrent furent celle des docteurs de l'irac, gens de l'opinion, et celle des docteurs du Hidjaz, gens de la tra- dition. L'imam des docteurs de i'Irac, le fondateur de leur école, fut Abou Hanîfa e«-Noman Ibn Thabet ^ Il tient comme légiste une place hors ligne, s'il faut s'en rapporter aux déclarations de ses disciples^, et surtout de Malek et de Chafèï.

Les gens du Hidjaz eurent pour chef Malek Ibn Anes el-Asbehi ', grand imam de Médine. Pendant que les autres docteurs cherchaient leurs maximes de droit dans les sources universellement approuvées, Malek puisait de plus dans une autre dont personne que lui ne s'était servi, je veux dire dans la coutume de Médine. (II y puisa), parce qu'il croyait que les docteurs de cette ville avaient dû suivre de toute nécessité la pratique et les usages de leurs prédécesseurs, P. 5. toutes les fois qu'ils énonçaient des opinions au sujet de ce que l'on doit faire ou ne pas faire, et que ceux-ci avaient appris ces usages des musulmans qui, ayant été témoins oculaires des actes du Prophète, en avaient pris connaissance et gardé le souvenir. Cette source d'in- dications touchant des points de droit fut pour Malek une des bases de son système, bien que plusieurs docteurs prétendissent qu'on pou- vait la ramener à une autre, celle du consentement général des mu-

' Abou Hanîfa en-Noman Ibn Thabet , (767-768 de J. C.) , et fut enterré à Bagli-

grand jurisconsulte de Koufa et fondateur ' dod.

d'une des quatre écoles de jurisprudence ' Littéral, «aux gens de son pelage. •

orthodoxes, mourut l'an j5o de l'hégire ' Voy. la i"parlie, p. 32, note h-

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