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lui ressemble parla ténuité et la subtilité , elle s'étend dans ce corps et l'accompagne partout; car les corps, tant qu'ils conservent leur densité et leur grossièreté, ne s'étendent pas (dans autre chose) et ne 199. s'y allient pas. La dissolution des corps ne peut se faire sans (le con- cours d')âmes. Comprenez bien ces paroles et que Dieu vous dirige! Sachez aussi que cette dissolution (ayant eu lieu) dans le corps de l'animal ' est (comme) la vérité , qui ne se laisse pas anéantir ni affai- blir. C'est elle qui transmue les natures, qui les fixe et qui leur fait montrer des couleurs et des fleurs (reflets) admirables. La dis- solution de toute chose qui se ferait contrairement à ce (procédé) n'est pas une véritable dissolution, parce qu'elle est contraire à la vie. Pour dissoudre (réellement) une chose, il faut employer ce qui a de l'affinité avec elle et ce qui peut en écarter l'ardeur brûlante du feu; alors cette chose perd sa qualité grossière , et (ses) natures échangent leur état actuel contre celui de la subtilité et de la grossièreté^ qu'il leur est permis de prendre. Lorsque les corps sont parvenus au terme de leur dissolution et de leur atténuation, il se manifeste en eux la faculté de se fixer, de se changer, de se convertir et de se pénétrer; et chaque opération dont l'exactitude n'est pas certaine dès le commen- cement ne vaut rien. Sachez aussi que, d'entre ces natures, celle qui est froide sert à dessécher les choses et à en coaguler l'humidité, et que la nature chaude fait paraître l'humidité des choses et en coagule les parties sèches. J'indique ici le chaud et le froid, parce qu'ils sont actifs, tandis que l'humidité et la sécheresse sont passives, et que la soumission de chaque élément à l'élément qui lui correspond pro- duit les corps et leur donne l'existence. Si le chaud agit plus forte- ment que le froid , c'est parce que celui-ci n'a pas le pouvoir de déplacer les choses et de les remuer; le chaud (seul) est la cause du mouvement. La cause de l'existence, c'est la chaleur; si elle est trop faible, il n'en résulte jamais rien; de même que, si elle agit

' Le mot a/Hma/ doit avoir ici une signi- ' li me semble que le mot iiAillj et

fication dont les adeptes seul» possédaient de la grossièreté » est de trop; je lirais vo- la connaissance. ' lontiers J,Aiwlj • et de l'atténuation. »

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