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sera alors notre partage, quand bien même nous n'aurions pas travaillé pour mériter cette faveur? Repoussons avec horreur de pareilles dé- clarations.

Ils disent encore que l'homme a le pouvoir de corriger son âme r. 3ifi. et de l'épurer en s'habituant à des actes louables et en évitant ce qui mérite le blâme. Cette proposition est fondée sur l'opinion que le plaisir éprouvé par l'âme, en obtenant des perceptions au moyen de sa propre essence, est, en réalité, le bonheur (suprême) qui a été promis aux hommes. « En effet, disent-ils, les (pensées et les actes) vils empêchent l'âme d'accomplir ce genre de perceptions, en la soumettant à l'influence des facultés que le corps lui a fournies et en lui commimiquant la teinture qu'il a contractée. « A cet égard, nous avons déjà fait observer que la félicité et la misère (éternelles) sont des sujets placés hors de la portée des facultés perceptives tant du corps que de l'âme. Donc cette correction de l'âme, correction au moyen de laquelle ils prétendent arriver à la connaissance du (bonheur éternel), ne sert qu'à procurer la jouissance qui résulte de la perception opérée par l'âme, perception qui résulte de l'emploi des syllogismes et des lois du raisonnement; mais quant à ce bonheur que le législateur (inspiré) nous a promis, sous la condition que nous obéirions à ses ordres en faisant de bonnes actions et en tra- vaillant pour acqtiérir des qualités louables, c'est là un sujet auquel les facultés perceptives d'aucune créatuie douée de perception ne sauraient atteindre.

Leur grand oracle, Abou AU Ibn Sina (Avicenne), s'était aperçu de cette vérité, ayant inséré dans son Kitab el-mebda oua 'l-maad (traité de l'origine de fàme et de son retour à Dieu)^ un passage dont voici le sens : « Le retour de l'âme et tout ce qui s'y rattache sont de ces choses qu'on parvient à connaître au moyen des preuves intellectuelles et du raisonnement, car elles sont en rapport direct avec ce qui est dans la nature, rapport parfaitement bien connu; elles se présentent aussi

' Le mol <i est de trop.

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